Critique de Florian Fauvernier –
L’affaire
On dit que les procès ont parfois des airs de vrais spectacles. Robert Hossein aprèsL’affaire Seznec met en scène une autre pièce interactive retraçant une autre affaire : L’affaire Dominici au Théâtre de Paris. (à noter qu’il doit s’attaquer ensuite à L’affaire Weber).
© Eric Robert
L’intrigue
Août 1952, trois Anglais, Jack Drummond, sa femme Anne et leur fille Elisabeth sont assassinés près de leur voiture à proximité de la ferme de la famille Dominici. Un homme de 75 ans, Gaston Dominici, va finalement être accusé de ce triple meurtre, après avoir successivement nié, avoué puis s’être rétracté. Le procès débute le 17 novembre 1954. Douze jours après, Gaston Dominici est condamné à mort. Ecrite par Marc Fayet et mise en scène par Robert Hossein, la pièce L’Affaire Dominici Un Procès Impitoyable invite le spectateur à devenir juré et à assister au procès de Gaston Dominici tel qu’il a eu lieu en novembre 1954 en votant tous les soirs à la fin du spectacle.
Avec des Ci
D’entrée le ton est donné, Christian Vallat le décorateur a réussi à transformer le plateau du Théâtre de Paris en parfaite salle de tribunal. Président, avocat, avocat général, prévenu encadré par deux gendarmes et, surplombant l’huissier de justice, en plein centre, le journaliste (Jean Paul Solal) qui s’adresse à nous public/jurés de sa belle voix pleine…Devant nous vont défiler durant près de deux heures, neuf témoins résumant un procès de douze jours.
Alors bien sûr l’affaire est complexe, c’est le principe. Robert Hossein nous l’a rappelé en présentant le spectacle, ce qui l’intéresse c’est l’énigme du procès non résolu. Après L’affaire Seznec ; L’affaire Dominici.
© Eric Robert
Très rapidement c’est l’image du film La Horse qui vient à l’esprit ; la règle familiale du silence face aux forces de l’ordre, face à un commissaire qui déclare sans vergogne « préférer des aveux stupides à pas d’aveu du tout ». L’image d’un Gaston Dominici qui préfère le sacrifice à la condamnation de son fils : mais lequel ? Gustave, victime choisie ou Clovis Fils aîné manipulateur ?Puis ce sont des guerres intestines de manipulation, de non dit, de vieilles rancunes qui rejaillissent. Bien sûr un procès en résumé oblige à des raccourcis, des absences de témoins (18 comédiens c’est déjà conséquent comme distribution) mais malgré tout il parait évident que le procès impitoyable de Gaston Dominici n’est pas neutre. D’avance, on devine que Pierre Santini, bouleversant d’humanité, va être jugé par un public/jurés aisément manipulables. Gaston Dominici, un homme franc et loyal, patriarche, aimant et aimé de sa vieille femme (Jenny Bellay magnifique de dignité). Un prévenu à qui on a donné un avocat un peu fade dont les formules ne sont pas en adéquation avec cette tâche de défense d’un homme qui risque la peine de mort. Un avocat sauvé toutefois grâce à sa brillante et assez émouvante plaidoirie finale.
Une reconstitution un peu trop manichéenne qui nous invite à supposer une complicité familiale. Souhaitons qu’elle nous incite à relire le véritable procès de cet homme qui d’après les témoignages d’époque ne possédait que 40 mots à son vocabulaire. Bien moins que celui interprété par Pierre Santini.
L’Affaire Dominici
un procès impitoyable
Texte : Marc Fayet
Réalisation et présentation sur scène : Robert Hossein
Avec : Robert Hossein, Pierre Santini, Pierre Dourlens, Yannick Debain, Gerard Boucaron, Serge Maillat, Jean-Paul Solal, Frédéric Anscombre, Jenny Bellay, Henri Deus, Luc Florian, Dominic Gould, Pierre Hossein, Vincent Labie, Geraldine Masquelier, Danik Patisson, Jean Antolinos, Maurice Patou, Dominique Roncero
Décor : Christian Vallat
Costumes : Martine Mulotte
Lumières : Jacques Rouveyrolles et Christian BreanDu 4 mai au 30 juin 2010
Théâtre de Paris
15 rue Blanche, 75 009 Paris
www.theatredeparis.com