© Vincent Pontet
ƒƒ article de Toulouse
Nouvelle production pour le Théâtre des Champs-Elysées.
Ici l’œuvre est bien connue, mythifiée par des siècles d’opéra, une Traviata de plus… Alors autant commencer par fin ! Le spectacle s’ouvre ainsi dans une chambre d’hôpital, Violetta, dédoublée dans son rôle, est malade. Aurélia Thiérrée, une actrice en robe de clinique, dévoile un linceul d’où jaillit la seconde Violetta, Vannina Santoni (la chanteuse lyrique du rôle-titre), éclatante de tulle rouge. Ainsi peut commencer l’histoire qui, dès l’apparition magique d’une revenante sous un drap mortuaire, n’est que contemplation nostalgique de beaux souvenirs amoureux qui ne mèneront qu’au drame final. Dès le début, le spectateur commence par connaître le triste sort, espérant qu’il pourra être conjuré, et entame le spectacle sous cette lecture difractée et rembobinée de l’histoire. Le fil de la tragédie est tendu, tout n’a qu’à se dérouler comme prévu…
Les mélomanes redécouvriront ces puissants arias, tout est au rendez-vous, et on ne se lasse pas de les applaudir. On sent pourtant, tant par la mise en scène que par la direction musicale, un angle de vue très féminin qu’il fait du bien à écouter et à envisager. Le focus semble en effet très resserré sur le destin tragique de cette « parvenue », qui ici condense le symbole du sacrifice de la femme pour la gente masculine. On nous parle de cette « éternelle faute des femmes » ou du « péché originel » qu’il semble pressant d’éradiquer, afin de pouvoir redéfinir équitablement notre société. Relecture intéressante et urgente à souligner dans l’ère du temps, et qui cependant aurait pu aller un peu plus loin…
Qu’importe le caractère quelque peu conventionnel de la mise en scène, les enjeux nous frappent de plein fouet. La seule chose que nous jugerons à parfaire, tient de la gestion et à la direction des corps opératiques, tant dans les quelques moments de chorégraphie que dans les mouvements des chanteurs, qui sont ici laissés de côté ou bien désuets.
S’il s’agit pour vous de découvrir La Traviata, c’est ici un beau spectacle pour entrer dans l’œuvre. Si au contraire vous en avez déjà écouté un grand nombre, passez votre chemin, nous vous en conseillerons une autre à venir.
© Vincent Pontet
La Traviata, opéra de Verdi
Direction Jérémie Rhorer
Mise en scène Deborah Warner
Chorégraphie Kim Brandstrup
Scénographie Justin Nardella, Chloé Obolensky, Jean Kalman
Costumes Chloé Obolensky
Lumières Jean Kalman
Avec Vannina Santoni (Violetta), Saimir Pirgu (Alfredo), Laurent Naouri Giorgio (Germont), Catherine Trottmann (Flora), Clare Presland (Annina), Marc Barrard (Le Baron Douphol), Francis Dudziak (Le Marquis d’Obigny), Marc Scoffoni (Le Docteur Grenvil), Matthieu Justine (Gastone), Anas Séguin Le commissionnaire), Pierre-Antoine Chaumien (Giuseppe), Claire Egan, Stephen Kennedy, Aurélia Thierrée, comédiens
Le Cercle de l’Harmonie
Chœur de Radio France direction Alessandro Di Stefano
Du mercredi 28 novembre au dimanche 9 décembre 2018 à 19h30
Théâtre des Champs Elysées
15 avenue Montaigne
75008 Paris
Réservation au +33 1 49 52 50 50
https://www.theatrechampselysees.fr/
Métro : station Alma-Marceau (ligne 9) ou Franklin-Roosevelt (ligne 1)
RER : station Pont de l’Alma (ligne C)
Bus : lignes 42, 63, 72, 80, 92
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