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La reine de la piste, écriture et mise en scène de Pierre Notte, chanson d’Helena Noguerra, Théâtre la Ville / Espace Cardin

Juin 15, 2022 | Commentaires fermés sur La reine de la piste, écriture et mise en scène de Pierre Notte, chanson d’Helena Noguerra, Théâtre la Ville / Espace Cardin

 

© Fabrice Mabillot

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

For ever Helena. Voilà une petite merveille concoctée par Helena Noguerra et Pierre Notte, joliment complices sur cette affaire. Théâtre musical, entre cabaret et récital, humour noir en sautoir pour une drôle de cérémonie funèbre, où ces deux-là se sont entendus, on le voit, comme larrons en foire. Helena Noguerra interprète ses propres chansons, toutes finement ciselées, petits bijoux de mélancolie et de désenchantement incrustés dans le récit poétique de Pierre Notte, au réalisme mêlé de fantaisie et de fantastique, on reconnait-là son univers à nul autre pareil, entre gravité et apesanteur. Et ce qui est remarquable, c’est combien ces deux écritures, ces deux voix, loin de se heurter, sont au contraire en parfaite harmonie, qui se répondent, dialoguent, et se font écho, de l’une à l’autre, avec une grande fluidité. C’est une histoire tragique, un polar sombre où la liberté d’aimer, la liberté tout court, se paie au prix cher, au prix du sang. Portrait d’une femme assassinée, féminicidée, on dira ça comme ça, qui hante, fantôme désormais, son passé. Il y a ces colliers de jules pour l’ennui, amants et amantes d’un soir ou plus, qu’on dénoue au petit jour comme le chantait madame Juliette Gréco. Ces amours mortes-nées, ces amours passées, ces amours défuntes et ces visages inoubliables vite oubliés. L’amour fou, aussi, et les désillusions post-coitum. Il y a monsieur Paul et mademoiselle Julie. Et le dernier, fatal, forcément fatal, l’amour à mort dans ce bar belge, l’Hemingway, où votre sang se mêle bientôt aux flaques de sauce barbecue. Helena Noguerra chante donc ses propres chansons mais se glissent ici et là, discrets hommage, Barbara et Dalida qui en connaissaient un rayon dans les amours déglinguées. Et plus gonflé et crâne, qui ouvre ce tour de piste, Jacques Higelin et son iconique Champagne pour planter fermement le décor. Tristes sont les cimetières, oui, mais passé l’antichambre, l’au-delà est un dancefloor, boules à facettes au plafond et dans la tête, où le rouge flamboyant et les paillettes effacent le noir de l’existence et les bleus à l’âme. Mise en scène sans chichi, sobre, Pierre Notte sait y faire pour aller sans s’égarer à l’essentiel, mettre à nu les personnages, exhausser les comédiens, où éclate de fait le talent fou et généreux d’Helena Noguerra chanteuse-comédienne, les deux allant de pair ici. Reine de la piste, oui, reine en son domaine et qui une heure trente durant tient royalement et sans faiblir, sans l’once d’un relâchement, sans fausse-note et sans faux-semblant, le destin tragique de son personnage.

 

© Fabrice Mabillot

 

La reine de la piste, écriture et mise en scène Pierre Notte

Autour des chansons d’Helena Noguerra

Création lumières : Leslie Horowitz

Création de la robe rouge : Fleur de Mery

Régie son : Philippe Bouic

Régie plateau : Camille Urvoye

Régie générale : Alexandre Jomaron

Soutien inestimable : Arturo Giusi-Perier

 

Avec :

Helena Noguerra, chant

Philipe Eveno, guitares

 

Du 14 au 16 juin 2022 à 20 h

 

Théâtre de la Ville / Espace Cardin

1 avenue Gabriel

75008 Paris

 

Réservations 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

 

 

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