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La reine de beauté de Leenane, de Martin McDonagh, mise en scène de Sophie Parel, Lucernaire

Sep 04, 2016 | Commentaires fermés sur La reine de beauté de Leenane, de Martin McDonagh, mise en scène de Sophie Parel, Lucernaire

ƒ article de Florent Mirandole

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© Laurent Le Doyen

Une mère demande à sa fille de lui préparer un porridge. Excédée, la fille ferme son magazine et se rend à la cuisine. Avant que le porridge fumant arrive sur la table, la mère demande à nouveau une tasse de thé à sa fille. En quelques phrases courtes et silences excédés, le tableau est dressé. Les deux femmes, à force de promiscuité, en ont fini par jouer un couple. Un couple qui ne semble tenir que par la froide dépendance créée par le handicap de la mère. Comme deux aimants contraires, les deux femmes doivent cohabiter, coexister. Ce schéma finit par être bouleversé lorsqu’un troisième personnage s’immisce dans le couple, et modifie sa stabilité. On découvre alors que l’équilibre des forces entre les deux femmes reposait aussi sur l’équilibre des fragilités. L’arrivée du troisième personnage va rappeler à chacune qu’elles ne sortiront de cette mécanique qu’à leurs risques et périls. C’est bien un drame qui est en train de se jouer devant nous.

La Reine de beauté de Leenane a du rythme. La pièce est d’abord servie par une mise en scène simple et efficace de la comédienne principale Sophie Parel. Quelques trouvailles discrètes ponctuent et animent le déroulé du drame, à l’instar de la série télévisée en fond sonore qui happe l’attention de la grand-mère et du voisin. Mais ce sont bien les comédiens qui font le sel de cette courte pièce. Campant des personnages à la limite de la caricature, les comédiens apportent à leur personnage brut un supplément d’âme auquel adhère rapidement le spectateur. Catherine Salvat bien sûr en mère fébrile mais manipulatrice dotée d’une intelligence maléfique. Mais aussi Grégori Baquet, dans le rôle du jeune chevalier blanc, pataud et attachant.

Malgré les efforts des comédiens, La reine de beauté de Leenane reste pourtant une pièce trop simple, dont l’intrigue s’avère trop mécanique et le déroulé trop attendu pour réellement surprendre. Pendant cette grande heure, l’impression d’avoir déjà vu ce scénario, déjà vu ces mécanismes, ne disparaît jamais. A aucun moment l’intrigue est sublimée, par un personnage hors norme, ou un grain de folie de mise en scène. Trop appliquée peut-être, Sophie Parel a aussi choisi de mettre en scène un texte trop sage. Ainsi le dénouement pourtant surprenant peine à nous faire bondir de notre siège.

La reine de beauté de Leenane
De Martin McDonagh
Traduction Gildas Bourdet
Mise en scène Sophie Parel
Avec Catherine Salvat, sociétaire honoraire de la Comédie Française, Grégori Baquet, Sophie Parel, Arnaud Dupont

Du 31 aout au 16 octobre 2016

Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris
Réservations : 01 42 22 66 87
www.lucernaire.fr

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