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ƒ article d’Isabelle Blanchard
Voici une mise en espace du roman La Peste, écrit par Albert Camus, édité en 1947, au théâtre dans un seul en scène, voici qui interroge et donne envie ne serait-ce que pour voir comment on adapte au théâtre ce roman si foisonnant et complexe, dont le thème central est une dénonciation du nazisme mais aussi une présentation de l’état d’Homme, Homme captif du quotidien et de ses habitudes, incapable de réagir face à l’inconnu, incapable de se mouvoir dans l’obscurité. La Peste ou l’homme face à l’absurdité de la vie, face à l’innommable.
C’est toute une aventure que d’aller au Théâtre des Déchargeurs, lieu très atypique en plein centre de Paris. Ainsi on accède à la salle par des escaliers qui paraissent nous emmener vers les entrailles de la Terre et nous voilà installés dans une petite salle pouvant accueillir peut-être quarante personnes maximum. La salle semble manger le plateau. Ou le plateau manger la salle ! Cela crée une très grande promiscuité avec l’action au plateau. Nous sommes ainsi tous ensemble et la démarcation habituelle plateau – public n’existe pas. Le plateau est minuscule, y sont disposés un bureau, une chaise, un téléphone, le tout dans un style des années 1930-1940.
Entre alors Nordine Marouf, adaptateur, metteur en scène et comédien de la pièce. S’ensuit une heure et quinze minutes de lecture de l’œuvre de Camus. Nordine Marouf est tantôt assis au tantôt debout devant nous. Très peu de gestes donc. C’est une lecture. Il a une voix agréable, chaude, un ton posé, tout en émotion contenue.
C’est une ambiance très particulière car nous sommes si proche du comédien que nous n’osons presque pas bouger. La promiscuité au départ met mal à l’aise puis au fil du temps on prend confiance et l’acteur aussi. Et nous voilà embarqués dans le récit.
C’est une lecture au mot près. Tout n’est pas lu bien sûr, car 1h15 n’aurait pas suffi. Le metteur en scène a choisi les passages en gardant les cinq chapitres de l’œuvre. Toutefois il me semble qu’il a retenu les passages liés au fléau en lui-même en éludant les passages liés au développement de chaque personnage et leur manière de régir, de survivre à l’effroyable mal.
Voici des intentions plus qu’honorables. Donner à entendre ou réentendre ce texte, donner envie de le lire ou le relire. Mais au théâtre j’aime être questionnée, bousculée, j’aime que l’on m’offre une autre, une nouvelle vision. Aussi, je suis sortie du théâtre en me demandant quel est l’enjeu de cette pièce, pourquoi mettre en scène ce si beau et incroyable roman, cette tragédie et se contenter de le réciter. Bien sûr on peut répliquer que le texte se suffit à lui-même…
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La Peste, d’Albert Camus
Mise en scène Nordine Marouf
Lumières Doriane Genet
Avec Nordine Marouf
Du 1er mars au 13 avril 2019
Les vendredis et samedis à 19h30
Durée 01h15
Théâtre Les Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001 Paris
Réservation au 01 42 36 00 50
www.lesdechargeurs.fr
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