ƒƒƒ Article de Camille Hazard

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Créé en 2013 à la fabrique MC11 à Montreuil, on espère que La Pensée, spectacle mis en scène et incarné par Olivier Werner, sera jouée encore de nombreuses années. Rares sont les spectacles sans fard et sans tricherie, où la promesse de voir du théâtre est tenue… Face à Olivier Werner, il suffit de s’asseoir, d’ouvrir les yeux et de se laisser happer par le tourbillon gigantesque de son jeu d’acteur. D’après la nouvelle de l’auteur russe Leonid Andreïev (1871-1919), La Pensée transperce les frontières de la folie avec une écriture physique, galopante, sculptée et retravaillé dès la traduction par Olivier Werner lui-même.

Le Dr Kerjentsev est confiné dans une cellule psychiatrique pour avoir assassiné quelques temps auparavant, son ami d’enfance. Geste longuement prémédité par le meurtrier qui avoue sans culpabilité aucune les actes qui lui sont reprochés. En huit feuillets rédigés par ses soins, le Dr Kerjentsev va se confronter à « Mesdames et Messieurs les experts », nous public, pour sonder son état psychique. Est-il fou ? Est-il de devenu fou après le meurtre ? Est-il fou par intermittence ? A-t-il assassiné son meilleur ami parce fou ? Mais au fait qu’entend-on nous par fou ? Où est la frontière qui nous situe du bon « côté » acceptable, admis par notre société morale ?

« Il est tout à fait possible que le docteur Kerjentsev soit réellement fou. Il croyait simuler mais il était fou. En ce moment même il est fou. »

Cette profonde et dérangeante introspection se traduit sur scène par un homme debout, entouré de murs blancs et d’un sol grillagé. N’essayez pas d’imaginer un décor envahissant le plateau, il n’y en a pas. Olivier Werner crée des images avec rien d’autre que lui, son corps et sa voix. Une partition d’1h30 dans laquelle, chaque déplacement, chaque respiration, chaque battement de cils du comédien, sont pensés, écrits, exécutés avec la plus exigeante précision et cette liberté propre aux grands acteurs.

Cet homme enfermé dans sa tête est un miroir tendu à notre société schizophrène et notre qualité d’expert va peu à peu s’écrouler. Un sentiment dérangeant nous envahit, nous laissant seul, arbitre de nous même. Olivier Werner incarne un flot d’états contradictoires, passant d’un état de folie à une froideur implacable, de manipulateur à victime terrorisée, par petites touches impressionniste. Les milliers de signes physiques et expressifs amenés par l’acteur créent un personnage insondable qui porte en lui tous les doutes, toutes les fragilités et les travers de l’humanité.

La Pensée
D’après la nouvelle de Leonid Andreïev
Conception et jeu Olivier Werner
Co-traduction Galina Michkovitch
Scénographie Jean Crouzet
Collaboration artistique Urszula Mikos
Régie Mali Van Valenberg

Du 7 au 30 juillet à 12h10

Le Nouveau Ring
Impasse trial – 84000 Avignon
Réservation 06 58 21 34 36
www.avignonleoff.com
www.forage-cie.fr

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