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La Ménagerie de verre, de Tennessee Williams, mise en scène Daniel Jeanneteau, au Théâtre de Gennevilliers

Mar 22, 2018 | Commentaires fermés sur La Ménagerie de verre, de Tennessee Williams, mise en scène Daniel Jeanneteau, au Théâtre de Gennevilliers

© Elizabeth Carecchio

Article de Victoria Fourel

Dans un petit appartement de Saint-Louis, Amanda vit avec ses deux enfants adultes dans l’ombre de l’absence d’un père et d’un mari. Tom, le fils, travaille à l’entrepôt, et étouffe dans cette coquille, et Laura, la fille, solitaire et fragile, collectionne les figurines en verre. D’une histoire très ordinaire naît un drame familial sur les erreurs que l’on répète et l’amour que l’on se porte.

Sur le plateau est matérialisé dès le départ le nid dans lequel la mère confine ses petits. Les comédiens évoluent sur un matelas épais et enfermés dans des murs de voiles, dont ils ne sortent que rarement. Si l’image est claire, et si les caractères nous sont dissimulés au premier abord, c’est à la fois une bonne idée et une frustration. On se sent rapidement exclus des rapports, on attend qu’ils s’approchent de nous. Même sentiment face aux noirs entre les scènes, qui nous coupent encore davantage de l’ambiance toxique de l’appartement, ou bien à l’utilisation constante du son. Un bruit de fond incessant tente de créer la tension, mais empêche que le dialogue ne parvienne vraiment.

Et ce dialogue qui ne parvient jamais vraiment à être juste, c’est ici le plus grand problème. Le texte de Tennessee Williams est magnifique, entre vies fantasmées et réalité écrasante, et ici, on oublie que c’est ce que l’on entend. La faute à des choix appuyés en termes de direction d’acteurs, chaque personnage étant dans un trait trop écrit. Le personnage de la mère, par exemple, qui étouffe, magouille, reproche, ne nous touche à aucun moment tant on est dans un excès. Bien sûr, c’est un vrai choix de mise en scène, mais on a la sensation que le spectateur passe complètement à côté de ce choix. En cherchant à montrer et à démontrer le décalage des personnages, leur vie dans un univers à contretemps, leur incapacité à communiquer avec le monde extérieur, rien n’est joué avec simplicité. C’est un étalage de procédés, de techniques. On traîne sur les voyelles, on s’agite, on exagère les postures. Le décalage et l’amplification du réel ont un intérêt s’ils surprennent. Quand ils sont systématiques, cela ne fonctionne pas.

Il faut attendre les trois quarts du spectacle pour que Laura et celui que l’on nomme son galant nous parlent, et se parlent, vraiment. Leur longue discussion n’évite pas quelques bégaiements un peu appuyés et quelques longueurs, mais c’est une très belle scène. Premier espoir pour le personnage de Laura, c’est aussi un texte porteur sur le succès, l’image de soi, l’ambition. C’est une rencontre forte et surprenante dans deux vies. Le spectacle reprend son envol à ce moment, à la lumière des bougies. Pour une raison simple : on les écoute, dans la simplicité, dans de vrais enjeux, qui ne truquent pas. On aurait aimé que cela soit vrai sur l’ensemble de l’adaptation.

La Ménagerie de verre, de Tennessee Williams

Mise en scène Daniel Jeanneteau
Assistant mise en scène Olivier Brichet
Lumière Pauline Guyonnet
Costumes Olga Karpinsky assistée par Cindy Lombardi
Son Isabelle Surel assistée par Benoît Moritz
Vidéo Mammar Benranou

Avec Solène Arbel, Quentin Bouissou, Dominique Reymond, Olivier Werner, et la participation de Jonathan Genet

Du 21 mars au 2 avril 2018
Les lundis, jeudis et vendredis à 20h, samedi à 18h et le dimanche à 16h

Théâtre de Gennevilliers
41 avenue des Grésillons
92230 Gennevilliers

Métro Ligne 13, station Gabriel Péri

Réservation 01 41 32 26 26
www.theatre2gennevilliers.com

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