Critique de Rachelle Dhéry –

Once upon a time… Il était une fois…

© Jacques Collin

Tout le monde connaît de près ou de loin ce conte ancestral réécrit entre autres par Basile, Perrault et les Frères Grimm, sans oublier la version de Disney. On retrouve des traces dès le XIV^e siècle en versions catalane et française. Chaque fois, un ou plusieurs détails changent, mais l’essentiel demeure : un Roi et une Reine peinaient à avoir un enfant. Lorsque l’évènement arriva enfin, ils convièrent de bonnes fées auprès de son berceau, afin qu’elles lui prodiguent une bonne fortune. Ici, ce sont la sagesse, le courage et la beauté. Une mauvaise fée, ici Maléfique, n’étant pas invitée, décida de se venger en lui annonçant un terrible sort le jour de sa maturité (l’âge change en fonction des époques). Dans cette version, Belle se coupe avec une épine de Rose et tombe dans un profond sommeil. Seul un Roi, un enfant ou un Prince, selon le conteur, vint délivrer la belle de son endormissement. Dans ce spectacle, les trois fées Nana, Nanie et Nounou partent à la recherche de l’homme idéal, celui qui pourra briser le sort de la Belle. Or, pour ne pas trop en dévoiler, sachez seulement que le Prince est loin d’être Charmant. Après quelques épreuves l’obligeant à trouver le courage et affronter ses dragons intérieurs, le Prince délivre la princesse. And they lived happily ever after…

« Comment faire peur à la peur ?  – Ton pire ennemi, c’est toi »

© Jacques Collin

Oriane Villatte, auteure et metteuse en scène de ce spectacle, également co-directrice artistique de la Compagnie Glou, propose depuis quelques années des spectacles pour enfants. Dans La Belle au Bois Dormant, elle tente d’emmener les plus petits dans un monde féérique et les plus grands dans un univers amusant, à l’aide de quelques jeux de mots sympathiques. Les efforts se ressentent, surtout sur le travail des lumières, qui crée des atmosphères oniriques. Des touches d’humour ponctuent cette version, malheureusement parfois un peu trop édulcorée. Maléfique, mélange de Cruella et d’Isabelle Adjani, devient une méchante drôle, névrosée et narcissique. Mais la Méchante disparaît bien vite, et avec elle, les enjeux. Entre une Belle niaise et un Prince premier de la classe, on est loin du conte originel. A la rigueur, pourquoi pas ? Mais quel dommage d’expliquer en permanence par des mots, ce que les enfants préfèreraient voir de leurs propres yeux, et en tirer leur propre leçon ! On entend des « Rien ne sert de se disputer, mieux vaut discuter », les dragons sont la somme de toutes nos peurs. Plein d’une bonne intention de départ, ce spectacle devient vite donneur de leçon. Les enfants en ont déjà bien assez à l’école. Il ne faut pas oublier que les plus petits comprennent bien plus que ce que l’on croit. Malgré cela, les enfants ne s’ennuient pas une minute. La petite équipe des Glou apporte fraîcheur et gaieté. Et quand l’humour est au rendez-vous, c’est toujours plus agréable. Mention spéciale avec « l’annuaire des princes »…

La Belle au Bois Dormant
– Un spectacle de 5 à 11 ans –
D’après : Charles Perrault
Adaptation : Franck Duarte et Oriane Villatte
Mise en scène : Oriane Villatte
Avec : Marie Burel, Muriel Gandois, François Frion, Marie Loisel, Marie Mirabel, Marie-Line Vergnaux, Alix Valroff
Costumes et scénographie : “petites mains”
Musique : Fabien Gardeur
Lumières : Jérémy Riou

Du 6 avril au 2 juillet 2011

À la Folie Théâtre
6 rue de la Folie Méricourt, Paris 11e
www.folietheatre.com

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