© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon
ƒ article de Toulouse
Toujours plus grand, toujours plus long, après 2666, le jeune metteur en scène Julien Gosselin signe un nouveau spectacle fleuve, présenté lors de cette édition du Festival d’Avignon à la FabricA.
La pièce est écrite d’après trois œuvres de Don DeLillo : Joueurs, Mao II et Les Noms. Mises bout à bout, il en résulte un monstre de 10h, véritable marathon théâtral pour le spectateur donc l’endurance oscille maladroitement.
Difficile en somme de résumer la fable de ces trois fictions qui coupent une journée entière de spectacle. Bien que le fil rouge de cette trilogie soit éclaté, où chaque partie reste à penser comme fragmentaire, le spectacle nous parle de violence et du terrorisme balayant l’histoire des années 1970 aux années 1990.
On retrouve ici des thématiques et des esthétiques chères au talentueux metteur en scène, adulé voici quelques années par le public avignonnais. Des écrans modulables, du cinéma-théâtre tourné en temps réel, un décor imposant, une bande sonore qui gronde et qui perce les tympans. Une esthétique du spectaculaire percutante, comme aussi bien intimiste par le cadrage qu’au cinéma. Un va et vient entre théâtre et photographie (qui est de toute beauté) dont Gosselin aime saisir toutes les possibilités et maîtrise toutes les limites.
Néanmoins la durée du spectacle et l’enchaînement des trois fragments est éprouvante. Nous aurions peut-être préféré qu’il dure encore quelques heures si seulement le metteur en scène avait injecté un peu plus de rythme à l’intérieur de cette linéarité trop pesante, quelques moments de respirations (ici trop rares ou quasiment inexistants) où le spectateur puisse s’évader. L’effort de jeu de la part des comédiens est réel et brillant. L’effort de concentration de celui du public a en revanche du mal à tenir. On décroche rapidement (comment au bout de quatre heures de spectacle pouvons-nous dire que cela est rapide ?) et la derrière partie est une réelle épreuve. On sent dans la salle combien il est difficile de tenir et on attend la fin sur le qui-vive près à applaudir au premier noir.
L’objet théâtral est bien évidement audacieux et présente des choses tout à fait intéressantes. Néanmoins le travail n’est pas tout à fait abouti et devrait être repensé dans une même temporalité (car c’est tout même une expérience qui fait la beauté de la chose), mais dans une conscience plus minutieuse du rythme, poreuse avec le public.
JOUEURS, MAO II, LES NOMS
Texte Don DeLillo
Traduction Marianne Véron et Adélaïde Pralon
Adaptation et mise en scène Julien Gosselin
Scénographie Hubert Colas
Lumières Nicolas Joubert
Vidéo Jérémie Bernaert, Pierre Martin
Musique Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Maxence Vandevelde
Son Julien Feryn
Costumes Caroline Tavernier
Assistanat à la mise en scène Kaspar Tainturier-Fink
Avec Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Maxence Vandevelde
Du 7 au 13 juillet à 15h
A la FabricA
11 rue Paul-Achard 84000 Avignon (extra-muros)
Réservation au +33(0)4 90 14 14 14
http://www.festival-avignon.com/fr
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