À l'affiche, Critiques // Jeux de Planches, de Delphine Roudaut et Jean-Paul Alègre, mise en scène de Delphine Roudaut, au Théâtre des Brunes au Festival d’Avignon Off

Jeux de Planches, de Delphine Roudaut et Jean-Paul Alègre, mise en scène de Delphine Roudaut, au Théâtre des Brunes au Festival d’Avignon Off

Juil 24, 2017 | Commentaires fermés sur Jeux de Planches, de Delphine Roudaut et Jean-Paul Alègre, mise en scène de Delphine Roudaut, au Théâtre des Brunes au Festival d’Avignon Off

ƒƒ Article de Victoria Fourel

 

Alexandra et Sophie. Ce sont leurs vrais noms, elles sont comédiennes, elles sont jeunes, elles en veulent. L’énergie qu’il faut pour exister, la compétition, ce que l’on veut et ce que l’on a. Les filles explorent leur milieu et ses contradictions dans un spectacle explosif.

Quand elles entrent sur le plateau, elles ne sont pas prêtes. Il faut jouer maintenant ? Alors allons-y. La scénographie évoque un mélange de technique et de débrouille, en se servant de jeux de lumières simples et de tout un tas de petits accessoires parfois drôles, parfois hyper malins, pour accompagner leurs coups de folie. Ça bouge, c’est percutant, et à la fois, c’est représentatif de tout un théâtre, qui travaille avec l’imaginaire et peu de moyens.

Le sujet, lui, est compliqué. Il ne s’agit pas de faire un spectacle pour et par des théâtreux, il ne faut pas descendre le milieu dans lequel on évolue, mais il ne faut pas pour autant être complaisant. Le texte est donc très varié, autant dans les situations que dans les états. Il est plaisant d’entendre la passion des comédiennes au détour de quelques mots poétiques, et d’être à la fois dans le très réaliste état de frustration de jeunes artistes. Mais ce texte est aussi difficile à cadrer. Chaque tableau est amené avec énergie, énergie qui se confond parfois avec un peu de précipitation. On manque de souffle et de silence, pour se plonger dans certains épisodes, et l’on devine que c’est l’envie, la volonté, qui entraînent ce manque de précision. Les deux comédiennes sont en place, les idées aussi, mais sans aucun doute elles pourraient laisser l’émotion, la respiration s’installer, car il y a ça, aussi, dans ce métier.

Ce vers quoi il faut tendre, avec un tel spectacle, c’est surprendre son public. Surtout au festival d’Avignon, ou il est parfois bien au fait des difficultés du milieu. Montrer la nécessité de faire ce que l’on aime, les bâtons dans les roues, bien sûr, le malaise face au corps, l’ambition. Sophie Imbeaux et Alexandra Desloires y parviennent, par une tenue du propos et du corps, et par une sincérité presque naïve, comme disant tout haut « je suis là, et il faudra faire avec moi. ». Mais définitivement, leur folie empêche parfois l’étonnement de s’installer, le calme, parfois aussi, et surtout la précision dans les transitions. On s’attache alors malheureusement un peu plus à des poncifs, qui restent peu personnels.

Ce qui peut bouger, c’est donc une gestion des différents tableaux et états. Ce qui ne le peut pas, c’est le chemin de ce spectacle, projet de fin d’études devenu spectacle, spectacle devenu avignonnais. Ce qui ne le peut pas, c’est la volonté, la sincérité des deux comédiennes qui n’ont pas peur d’enfoncer des portes, ouvertes ou fermées, d’ailleurs. C’est le magnétisme du milieu, ses détestables codes et ses adorables frissons.

 

Jeux de planches, mise en scène Delphine Roudaut
 
Texte Jean-Paul Alègre et Delphine Roudaut
Avec Alexandra Desloires et Sophie Imbeaux

Du 7 au 30 juillet 2017 à 11h45

Théâtre des Brunes
32 rue Thiers 84000 Avignon
Réservation 04 84 36 00 37
www.theatredesbrunes.fr

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