© Atsushi Sakai
ƒƒ article de Nicolas Brizault
Une jeune fille, en fait une jeune femme, aux cheveux devenus entièrement blancs, par la peur justement, passe son temps, sans doute, rien n’est jamais certain dans ce spectacle étrange et bruyant, devant le docteur es peur, à tenter de comprendre d’où vient cette panique récurrente, pourquoi ses cheveux sont blancs, où est partie sa sœur jumelle. Elle imite sans doute son père, sa mère, sa sœur, elle s’imite aussi, et tente de suivre la thérapie étrange de ce médecin coiffé de cornes en plumes mauves, pour donner un peu de lumière à son costume bien comme il faut ou alors pour dénoncer ses pouvoirs étranges. Qui font « peur ».
Il va la plonger dans une thérapie retentissante et quasiment sans fin, pour comprendre ce qui c’est passé, pour faire jaillir des pourquoi, ou alors les laisser prendre plus clairement la place qu’ils avaient déjà dans la cervelle si complexe de cette « petite-fille-jeune-femme ». Nous sommes plongés dans un texte complexe, vrombissant, bâti sur des répétitions, des lectures, des échos sensés illustrer la peur, la peur encore, et pourquoi pas une certaine folie, Pas douce du tout. Le titre même permet d’avoir une idée assez précise de ce spectacle si curieux, J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte. Tout semble fondé sur des échanges d’identités, d’espaces, le jeu est sur scène, dans la salle, au milieu des spectateurs, à qui le docteur tente d’expliquer les aléas complexes dans lesquels se remue cette femme en thérapie, là, juste devant eux. Il leur dit qu’en fait, nous sommes tous dans ce même cas, que la peur est partout. Partout. Ce spectacle est une illustration de la terreur, il est assez drôle ici où là, ne se prenant pas trop au sérieux, il se déguise en effroi, tel un docteur es peur, c’est tout. Chaque petite pièce du décor illustre comment il devient en fait un détail de la « terrorifaction ». Les trois devant nous jouent une frayeur intense. Ils la répètent, ces deux femmes ou petites filles, qui sont leurs parents ou d’autres personnages forcément pas très ragoûtants. La lumière et les costumes en font des milles et des cents. La lumière n’existe même quasiment plus à un moment. Est-ce dû au petit incident technique ayant retardé le départ du spectacle ? La question se pose, cette noirceur pour le coup étant plus gênante que terrifiante. Les répétitions sont multiples, les cris, le bruit. Le temps ne passe pas, un peu trop long sans doute. L’humour est tenté, oui, mais ce n’est pas son image qui est la plus forte, mais bien celle de la peur issue de mille strates, époques, raisons, la peur encore, pour tout et pour rien, la vraie et la fausse. Tout est mis au sol, lancé dans tous les sens. J’empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte est un très bel essai et le chat et le moineau étaient sans aucun doute là aussi, sur scène. Et trois personnages qui s’offrent énormément, dans tous les sens, une fureur presque.
© Atsushi Sakai
comment closed