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Jamais labour n’est trop profond, de Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin et Maxence Tual, Théâtre Paris-Villette, Festival Paris L’Eté

Juil 31, 2021 | Commentaires fermés sur Jamais labour n’est trop profond, de Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin et Maxence Tual, Théâtre Paris-Villette, Festival Paris L’Eté

 

 

© Martin Argyroglo

 

ƒƒ article de Denis Sanglard

Trois chiens de Navarre ont quitté la meute de Jean-François Meurisse pour aller ailleurs planter des choux. Jamais labour n’est trop profond, ce titre énigmatique ne doit rien au hasard ni à l’improvisation dont ils sont passés maîtres mais à Claude Bourguignon, ingénieur agronome français et fondateur du laboratoire d’analyse microbiologique des sols. Voilà qui peut paraître sérieux mais qui ne le reste évidemment pas longtemps. Ceci étant posé ce n’est pas vraiment à une fable écologiste à laquelle nous avons affaire. Mais plutôt, on s’y attendait un peu connaissant les lascars, à une satire du discours des plus zélés des apologistes verts, soit survivalistes, conspirationnistes et transhumanistes, khmers verts de tous poils. Or donc nos trois comédiens, auxquels s’adjoint une nouvelle recrue (Leslie Bernard), ont décidé de tout plaquer en attendant l’effondrement pour vivre en autarcie. Autonomie complète, autosuffisance, entre potager, couture et bricolage. Vaste chantier, vaste foutoir, c’est du pareil au même. On tente bien en loucedé d’appeler son agent pour un casting ou deux… avant de se faire vertement tancer. On ne plaisante pas avec les règles collectives qui exigent de faire table rase du passé consumériste, capitaliste, productiviste…. Et symbole absolu de cette utopie, en sus du couteau indispensable (imaginer un survivaliste sans couteau est impensable), trônant en majesté sur le plateau, les toilettes sèches. Et comme rien ne se jette tout se transforme, la merde est un nouvel Eldorado, de l’or en barre en somme, qu’il faut exploiter dûment. Ainsi nait le merdoduc ou comment par nos excréments produire de l’électricité. Fiat lux. L’avenir est dans la merde, il fallait y penser. Humour scatologique, pipi-caca cracra, ces quatre-là n’hésitent pas et font merde de tout combustible jusqu’à en maculer le plateau. On ne se refait pas. Les connaissant ces trois-là, nous sommes en terrain connu et découvert. Et dans tout ça, allez savoir pourquoi, tombe comme une poignée de gazon dans la soupe quelques vers de tragédie (Prométhée, ce qui n’est pas vraiment un hasard), un tournage comme de bien entendu parodique (féministe et pro #meetoo quand même), un gorille dans la tempête, le récit mythologique grec de la naissance du monde résumant de façon lapidaire ce qui cloche aujourd’hui ici-bas… C’est drôle, c’est vrai, foutraque comme il se doit, avouons-le, mais cet humour-là est un peu usé, les crocs sont un peu émoussés et ne mordent plus tant. On aurait aimé une autre face que celle de leurs postérieurs trop souvent exhibés ailleurs. Même si les saillies portent encore, l’improvisation et l’imprévu ne suffisent plus à exhausser l’ensemble qui demeure par la force des choses fragile et aléatoire. C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Mais il manque ici une colonne vertébrale qui maintiendrait le tout fermement. Rien de bien vraiment neuf se dit-on au sortir de cette création. Rien surtout qui ne les distingue des Chiens de Navarre. Comparaison n’est pas raison certes mais on peine à décoller leur image de cette troupe dont ils reproduisent l’esprit caustique et la logique qui veut qu’entre le personnage et le comédien la frontière soit toujours poreuse. Ils en étaient aussi l’âme, c’est vrai. Bon, ne soyons pas chagrin et ces réserves-dites, se mettre au vert avec ces gaillardes et gaillards-là est un bol d’air, même un peu éventé, qui ne se refusent pas.

 

© Martin Argyroglo

 

 

Jamais labour n’est trop profond de Thomas Scimeca, Anne Elodie Sorlin et Maxence Tual

Avec Leslie Bernard, Thomas Scimeca, Anne Elodie Sorlin et Maxence Tual

Direction technique : Nicolas Barrot

Création lumière : Bruno Marsol

Créateur sonore : Isabelle Fuchs

Scénographie : Constance Arrizoli

 

Du 29 au 31 juillet 2021 à 20 h

 

Théâtre Paris-Villette

211 avenue Jean Jaurès

75019 Paris

Réservation 01 44 94 98 00

www.parislete.fr

 

 

 

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