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Iphigénie en Tauride de Goethe mise en scène de Jean-Pierre Vincent, au Théâtre des abbesses

Nov 26, 2016 | Commentaires fermés sur Iphigénie en Tauride de Goethe mise en scène de Jean-Pierre Vincent, au Théâtre des abbesses

ƒ article de Artémise

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© Jean-Louis Fernandez

La facture est classique et très soignée. Le décor est à la fois sobre et luxueux. Nous sommes à l’entrée du temple de Diane tout semble fait de marbre. Le sol en reproduit certains sillons et parait comme une représentation de l’univers. La mer au fond semble faite d’émail. Les branches d’un arbre majestueux protègent la scène et donne une impression de cocon, de nid douillet. Au centre, une chaise bleue de bois et de paille comme sortie d’une carte postale des villes de bord de mer de Grèce. Détail d’un temps plus proche de nous.

Une voix off introduit la scène très grave presque professorale et est la parfaite introduction à ce qui va suivre.

Iphigénie sauvé par Diane est conduite sur l’Île de Tauride où grâce à sa persuasion et son sens de la justice a permis que le roi Thaos renonce aux sacrifices des nouveaux arrivants sur son domaine. C’est un joli thème en ces temps de repli sur soi et de peur de l’étrange et de l’étranger.

Iphigénie donc femme seule femme forte qui combat les injustices, qui rêve de liberté, qui a un si grand sens de la droiture et de la parole donnée qu’elle met son frère Oreste, son ami Pylade et elle-même en danger.

Quelle femme ! Un symbole.

J’ai toutefois une réserve sur le personnage d’Iphigénie. On l’aimerait forte et intransigeante mais ici j’ai le sentiment que l’actrice ne semble pas incarner pleinement le personnage. Cela crée ainsi une distance entre l’histoire et le spectateur, cela ne permet pas de vivre pleinement l’histoire et d’embrasser les idéaux de l’héroïne. Pourquoi tant d’emphase dans la diction, de gestes saccadés dans le jeu d’Iphigénie. Ses gestes sont lents empruntés et soudainement elle sautille, effectue des pas de danse. Ainsi on assiste à des scènes burlesques comme par exemple quand elle montre sa joie ou son désespoir. On oscille ainsi entre drame et parodie sans jamais succomber à l’un ou l’autre.

Les mots de Goethe sont là puissants forts mais l’incarnation des personnages n’est pas au rendez-vous. Comme si le metteur en scène avait voulu mettre une distance et nous et ces héros.

C’est un hommage aux idées et aux mots. C’est extraordinaire de les entendre si bien.

Iphigénie en Tauride
Texte de Goethe
traduction Bernard Chartreux, Eberhard Spreng

mise en scène de Jean-Pierre Vincent
assisté de Frédérique Plain et Léa Chanceaulme
avec Cécile Garcia Fogel, Vincent Dissez, Pierre François Garel, Thierry Paret, Alain Rimoux

Théâtre des abbesses
du 23 novembre au 10 décembre
du mardi au samedi à 20h et les dimanches à 15h30
durée : 1h50
Réservations : wwwtheatredelaville-paris.com

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