À l'affiche, Critiques // Inflammation du verbe vivre, mise en scène de Wajdi Mouawad, au Théâtre de la Colline

Inflammation du verbe vivre, mise en scène de Wajdi Mouawad, au Théâtre de la Colline

Nov 13, 2018 | Commentaires fermés sur Inflammation du verbe vivre, mise en scène de Wajdi Mouawad, au Théâtre de la Colline

 

© Simon Gosselin

 

ƒ article de Toulouse

On avait connu Wajdi Mouawad un peu plus en forme, et nous nous souvenons avec émotion d’une de ces dernières créations, Tous des oiseaux, spectacle bouleversant qui sera bientôt repris à la Colline. Ici, l’écriture a tendance à se lisser fâcheusement.

L’histoire raconte l’odyssée d’un metteur en scène, perdu dans ses retranchements et ses convictions théâtrales. Il ne sait plus comment finir son intégrale de Sophocle, et la pièce qui lui cause le plus de soucis n’est autre que Philoctète, dont la traduction est brutalement stoppée par la mort de Robert Davreu, laissant un manuscrit inachevé. Il décide alors d’annuler la création. On le voit s’engouffrer dans ses doutes. Peut-être tout cela n’est autre que le reflet de ce seul en scène ? Les doutes d’un comédien, auteur, metteur en scène, et directeur de théâtre, posés avec justesse sur la scène mais qui, sans trop de recul, laisse un spectacle boiter à de nombreuses reprises… On regarde d’ailleurs tout cela avec beaucoup de distance, de loin, sans jamais plonger complètement avec lui. Même si le temps passe vite, et qu’il arrive à nous captiver tout du long, on garde un certain recul, comme si l’on se sentait à moitié concerné par ce « self-trip ». Pourtant l’actualité et les sujets qu’il pointe du doigt sont tout à fait universels et urgent de convoquer au plateau. Ils sont amenés de manière simples et tout à fait limpides, mais peut être par certains moments sans trop de profondeur, en venant parfois à dire des banalités.

L’histoire reste poignante, et ce que nous saluerons surtout reste le goût d’aventure de cette descente contemporaine aux enfers. Mouawad réussit avec brio à transposer ce que serait le monde de l’Hadès et des Olympiens aujourd’hui, où nos âmes se transforment en chiens affamés et errants, où le bel Appolon devient un touriste américain obèse revenant visiter les vestiges de son ancienne cité de Delphes, où le puissant Zeus en est réduit au sort de mendiant. Tout autant de décalages amusants qui font respirer le spectacle. On voit ce personnage en errance, seul face à lui-même et à sa mort, se balader de tableaux absurdes et plus ou moins violents, comme certains personnages à demi-éveillés dans les films de David Lynch. Ici la vidéo envahit l’espace théâtral et permet au soliste de se balader de paysage en paysage, de dialoguer avec d’autres acteurs à l’image et parfois même avec son double.

Malgré certaines maladresses on reste face à un spectacle qui nous embarque et nous questionne par moment. Espérons aussi que le jeu et toute la partition technique des enchaînements des séquences pourront s’affiner un peu plus avec le temps.

 

© Simon Gosselin

 

 

Inflammation du verbe vivre, texte, mise en scène et jeu de Wajdi Mouawad

A l’écran  Dimitris Kranias

Dramaturgie  Charlotte Farcet

Scénographie  Emmanuel Clolus

Réalisation sonore  Michel Maurer

Assistante à la mise en scène pour la reprise  Valérie Nègre

Image, son, montage  Wajdi Mouawad

Conception et régie lumières  Sébastien Pirmet, Gilles Thomain

Conception costumes  Emmanuelle Thomas

Musiques  Michael Jon Fink

Fixing  Adéa Guillot et Ilia Papaspyrou

Traductions  Françoise Arvanitis

Assistant image et traductions  Vassilis Doganis

Assistant montage vidéo  Dominique Daviet

Mixage et régie son  Jérémie Morizeau

Construction et régie plateau  Marion Denier et Magid El Hassouni

 

Du 8 au 30 novembre 2018

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30

 

La Colline Théâtre National

15, rue Malte-Brun

75020 Paris

Réservation au 01 44 62 52 52

http://www.colline.fr

 

Métro ligne 3 et 3 bis, station Gambetta (sortie n°3, Père Lachaise)

Bus 26, 60, 61, 69, 102 arrêt Gambetta Mairie du 20e

 

 

 

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed