ƒƒƒ article de Victoria Fourel
Daniel habite dans un tout petit village où rien ne se passe. Il accepte un jour d’être le cobaye d’un laboratoire pharmaceutique américain. Et de pilule en pilule, l’étrange arrive. Le très étrange, l’effrayant, même.
C’est un spectacle en forme d’histoire racontée pour se faire peur, au coin d’une lampe de salon. Un conte macabre entre humour et étrange. On a sous les yeux une forme légère et resserrée, jouée sous un tout petit halo de lumière, sur une simple table et de petits objets quotidiens à la main. Le tout a des allures de toutes petites vignettes de BD, d’un extrait d’une rigolote série B. Le spectacle a l’intelligence et l’ingéniosité nécessaires à ces formes de poche.
En termes de registres, on est dans un univers teinté d’étrangeté, qui attire les enfants autant qu’il les fait reculer. Très drôle, on traverse le quotidien du village et des gens normaux du salon de coiffure et du bar du coin. Très inquiétant, on assiste à des disparitions et des transformations mystérieuses. Le comédien manipule mais accompagne tout avec son visage, changeant et d’une énergie communicative. Mains et visage jouent ensemble. Les enfants dans la salle semblent accrochés et curieux, le tout passe si vite qu’il n’y a pas le temps de faire autrement que de se laisser porter.
Enfin, dans cette drôle d’histoire gluante et joyeuse, il y a la santé mentale. On ne s’appesantit pas sur le sujet, et il semble presque tourné en dérision, et pourtant, non. On parle de la folie, douce ou pas douce du tout, des médicaments, de ce simple colis qui vient d’un autre coin du monde, en provenance directe des grandes entreprises lointaines. Et dans ce colis, ce qui nous remet au monde, mais peut aussi nous en retirer. C’est un sujet qu’on trouve là, comme posé pour qu’on le prenne, le genre de sujet qu’on n’a pas souvent vu dans des spectacles jeune public. Si le monster dont parle la chanson dont est inspiré le spectacle, ce sont les démons de son auteur, alors il doit autant jouer avec eux et s’en débarrasser.
I Killed the Monster crée la connivence et la poésie avec les spectateurs qui tendent le cou et les oreilles pour observer les détails et les héros de ce théâtre d’objets dans un mouchoir de poche. C’est une réussite parce que c’est sombre et joueur à la fois, deux qualités que le petit public adore.
I Killed the Monster, d’après la chanson I Killed the Monster de Daniel Johnston
Texte, Conception et jeu Gildwen Peronno
Regard extérieur Marina Le Guennec, compagnie Les Becs Verseurs
Du lundi 21 au samedi 26 novembre 2022
Mercredi à 10 h 30 et 15 h
Samedi à 11 h, 15 h et 18 h
Durée 30 minutes
TNP
8 place Lazare-Goujon
69100 VILLEURBANNE
Réservation au 04 78 03 30 00
www.tnp-villeurbanne.com
comment closed