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Hérétiques, de Ayelen Parolin, Ode to the attempt de Jan Martens, au Théâtre des Abbesses

Juin 10, 2017 | Commentaires fermés sur Hérétiques, de Ayelen Parolin, Ode to the attempt de Jan Martens, au Théâtre des Abbesses

 

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© Ch. Sampermans (Hérétiques)                                                                  © Phile Deprez (Ode to the Attempt)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ƒ de Florent Mirandole

Nos sociétés modernes sont-elles encore capables de recréer une expérience chamanique ? C’est la question qui a hanté la chorégraphe argentine Ayelen Parolin pendant des années. Avec son spectacle Hérétiques, présenté ce mois-ci aux Théâtre des Abbesses aux côtés de Ode to the Attempt de Jan Martens, la chorégraphe amorce un début de réponse. Le chamanisme hante depuis des années la chorégraphe. Quête de sens, introspection, goût pour le « folklore folklorique », on ne saura pas vraiment quelles sont les racines de cette fascination. Ce que la chorégraphe nous dit en revanche, c’est la difficulté à parler le chamanisme aujourd’hui. Les danses transcendantes des indiens sud-américains, et plus loin encore des transes haïtiennes, ne sont plus accessibles à nos imaginaires cartésiens. Aujourd’hui les ingénieurs ont remplacé les poètes, les géomètres ont pris la place des écrivains. Comment alors remonter à la source ?

Ayelen Parolin aborde de plain-pied cette problématique. Plutôt que d’esquiver nos instincts de géomètre, la chorégraphe embrasse les méthodes scientifiques. Au son des variations et des contre-points d’un piano démantibulé, deux danseurs enchaînent les gestes codifiés et géométriques. L’objectif est d’amener le spectateur progressivement à se détacher de son cartésianisme à force de répétition et de coups sur le piano. L’austérité, le minimalisme étouffant des premières minutes se transforment progressivement en une démonstration plus enlevée alors que le rythme s’accélère. Les deux géomètres aux gestes répétitifs finissent par créer des traces de lumières presque belles au milieu de la scène. Il faut toutefois la fin du spectacle pour arriver à effleurer un lointain sentiment de spiritualité. Pas assez pour nous faire décoller du siège les yeux exorbités, mais la danse hybride de la chorégraphe, reliant les deux bouts de nature et de culture, fonctionne.

En apparence Jan Martens propose un spectacle moins ambitieux. Avec Ode to the Attempt, pas de réincarnations, pas d’envolée spirituelle. Nous sommes même très loin de son spectacle rebondissant The Dog days are over, dont la beauté reposait justement sur une géométrie implacable grâce à ses huit danseurs sur ressort. Ici, Jan Martens nous ouvre les pages de son carnet intime et déroule une série de scénettes drôles et touchantes. Sur les notes d’une playlist très personnelle, on accompagne le chorégraphe/danseur lorsqu’il adresse un message à son ex, on navigue sur son historique de selfies, ou encore on se défoule sur une musique euphorisante. Jan Martens enchaîne avec une apparente nonchalance ses solos précis, cadrés. C’est amusant, rythmé. Reste une impression d’inachevé. Le contraste avec la quête intérieure d’Ayelen Parolin est ici immense, et on se rappelle avec nostalgie l’état de transe dans lequel The Dog days are over avait réussi à mettre le public.

 

Hérétiques

concept & chorégraphie Ayelen Parolin
interprétation Marc Iglesias et Gilles Fumba
composition musicale & interprétation Lea Petra
dramaturgie Olivier Hespel
création lumières Colin Legras
costumes Stéphanie Croibien

Ode to the Attempt

de et avec Jan Martens

Du 6 au 9 juin 2017

Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris
Métro Abbesses
Location 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

 

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