Hématome(s), Stéphane Bientz, Compagnie Espace Blanc, Lisapo Ongé !, Compagnie Pilier des Anges, La Forêt, ça n’existe pas, Kristina Dementeva,Pierre Dupont, Théâtre Halle Roublot

© Cie Espace Blanc

Article de Hoël

Malgré la fermeture des théâtres au public, certaines salles organisent des journées à destination des professionnels (journalistes et programmateurs). Nous avons eu la chance d’assister à une journée complète faite de quatre spectacles grâce au Plateaux Marionnettes, accueillies par le Théâtre Halles Roublot de Fontenay-sous-Bois. De quoi se mettre en appétit et espérer que le public retrouve le chemin des salles au plus vite !

ƒƒƒ Hématome(s), de Stéphane Bientz

Nous commençons la journée avec Hématomes(s), de la Compagnie Espace Blanc. Dès les premières minutes, et à l’aide de personnages de papiers, nous voilà plongés dans un univers entre Bande Dessinée et ombres chinoises.

Ema, « la nouvelle », débarque dans une ville de bord de mer, et elle vit sur la presque Île du « Creux du Diable », seule avec son père la plupart du temps, sa mère, actrice, s’absentant régulièrement pour des tournages. Cette « nouvelle » intrigue Tom, jeune garçon quelque peu froussard et Dilo, son amie, gamine autoritaire et intrépide : pourquoi reste-elle muette même dans la cour de récréation ? Pourquoi se fait-elle dispenser de sport ? Pourquoi ne veut-elle pas venir prendre le goûter chez Tom ? Et surtout, pourquoi est-elle de plus en plus absente ? Jusqu’au jour ou Ema disparaît pour de bon…

Peu à peu, comme on tourne les pages d’un livre animé,  se déploie sous nos yeux un récit sur l’amitié, le courage et l’importance de prendre la parole pour dénoncer l’horreur.

Hématome(s) use d’un rythme soutenu où les tableaux se succèdent comme des fondu-enchaînés, minutieusement chorégraphiés. La langue drôle et poétique de Stéphane Bientz, permet d’aborder le sujet de la maltraitance sans pathos ni violence. L’intelligence de l’écriture fait que plus on s’enfonce dans l’indicible, plus l’histoire pour enfant réaliste du début revêt la forme du conte et permet une abstraction du sujet tout en le prenant à bras le corps. Les couleurs pastel des personnages de papier alliées à l’esthétique des décors en noirs et blancs projetés et à l’alternance d’ombres chinoises, fait d’Hématome(s) un spectacle tout en douceur pour traiter d’un sujet difficile. Et au final, on s’attache vraiment à ces trois enfants en 2D animés par des comédiens extrêmement précis techniquement.

 Hématome(s), de la Compagnie Espace Blanc

Ecrit par Stéphane Bientz

Mise en scène Cécile Givernet et Vincent Munsch

Théâtre de la Halle Hublot

© Corentin Praud

ƒƒ Lisapo Ongé !, de la compagnie Pilier des Anges

Autre salle, autre style de marionnettes, nous passons avec Lisapo Ongé ! de la compagnie Pilier des Anges, dans l’univers du conte africain. Hubert Mahela, seul sur scène, alterne entre parole contée et marionnettes en tissus. Il nous amène au cœur du Congo dans le village de sa mère en proie à une importante question : une jeune orpheline vient d’arriver au village et alors que tous considèrent sa vie comme baignée de tristesse, elle se prénomme Esengo. Ce qui signifie : bonheur…

Les habitants du village décident alors de la confier à Mama Mambweni et de faire en sorte que sa vie se colore de la joie que prédit son prénom. Ils accueillent l’étrangère et  la couvrent de cadeaux. Ce qui a bientôt fait de rendre jalouse sa maman d’adoption. Jalousie qui se change en colère, puis rapidement en haine. Elle lance alors Esengo dans une série d’épreuves dangereuses et quasiment impossibles à surmonter. Mais c’était sans compter sur la sollicitude du lion et du crocodile, émus par le chant mélancolique de la jeune fille…

Évoquant des sujets comme l’altérité, l’accueil, la jalousie, le courage et la justice, Lisapo Ongé mêle la sagesse du conte africain et la gaieté de marionnettes hautes en couleur pour proposer un spectacle qui s’adressent aux enfants comme aux adultes.

 Lisapo Ongé, de la compagnie Pilier des Anges

Avec Hubert Mahela

Théâtre Halle Roublot

© Louis Cadroas

ƒƒƒ La Forêt, ça n’existe pas, de Kristina Dementeva et Pierre Dupont

Nous terminons par notre coup de cœur de cette matinée : La Forêt n’existe pas, forme courte d’une vingtaine de minutes proposée par la compagnie Le Pilier des Anges. Un concept extrêmement simple et efficace : deux amis, le singe Toto et le paresseux Bradi se réveillent un matin serrés ensemble dans une boîte et ils ne savent pas comment ils en sont arrivés là. La question les taraudera tout le long de la représentation, faisant fortement écho à un En Attendant Godot animalier et extrêmement drôle.

Les deux marionnettes, évoquant les peluches de notre enfance, vont alors explorer leur environnement, débattent sur leur présence ici et maintenant, se prennent le bec et se rabibochent autour de jeux et défis un peu idiots. Le dynamisme du singe se heurte à la léthargie de Bradi et nous rions de ce contraste autant que de l’absurdité de la situation. Surtout lorsque nous nous apercevons que, peut-être, le spectacle se passe autant dans la salle que sur scène…

De plus, il faut imaginer les marionnettistes, Kristina Dementeva et Pierre Dupont, s’amusant de leur différence physique : lui, barbu, elle, longiligne, pour donner des voix improbables et inattendues à leur personnage. La complicité de ces manipulateurs déteint sur celle de leurs marionnettes, et donne à cette aventure forestière et absurde un goût d’enfance et de tendresse. Un spectacle qui fera rire tous les âges grâce à un rythme enlevé et une naïveté amusante.

La Forêt, ça n’existe pas, de Kristina Dementeva et Pierre Dupont

Mise en scène Lou Simon

Des spectacles à suivre dans le futur ! N’hésitez pas à suivre le programme de la Halle Roublot qui les reprogrammera peut-être quand les salles seront ouvertes au public à nouveau…

Ces spectacles ont été présentés du 8 septembre au 10 octobre 2020

Durée 1 h 50

Théâtre Halle Roublot  

95 rue Roublot,

94120 Fontenay-sous-Bois

contact@theatre-halle-roublot.fr

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