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Hate, un spectacle de Laetitia Dosch, aux Amandiers de Nanterre

Mar 26, 2020 | Commentaires fermés sur Hate, un spectacle de Laetitia Dosch, aux Amandiers de Nanterre

© Dorothée Thébert Filliger

 

ƒ article de Denis Sanglard

Parce que le monde est moche, parce que le chaos règne, parce que les hommes c’est pas ça, parce que l’amour c’est de la haine à venir, Laetitia Dosch, projet original, choisi comme partenaire de plateau un cheval pour nous conter combien tout va mal. Alors toute nue, comme la vérité, elle soliloque, dialogue avec cet animal, cherchant une parfaite équité, un sentiment désespéré d’altérité et surtout beaucoup d’amour dans cet univers de brutes. Ça parle du monde comme il va, c’est-à-dire patraque voire foutraque, de la destruction de notre environnement, de Calais et de ses migrants, de l’amour, de la haine, de la vie en général et en particulier celle de Laetitia. Ce qui est un peu la même chose. Et ce qui est bien avec un cheval c’est qu’il ne vous contredit pas. Il faut juste anticiper ses réactions ou improviser avec ses caprices. Ce que Laetitia Dosch fait très bien. Il faut dire que son partenaire, superbe bête, n’entend pas se laisser mener par le bout du nez et de ses naseaux. Rétif parfois, un peu cabot, docile néanmoins, c’est un partenaire idoine. Laetitia Dosch y prête une pensée, lui donne sa voix et beaucoup de carottes. La belle et la bête ; ça ressemble à un presque conte de fée. Beaucoup de poésie, naïveté comprise et sans doute volontaire, toujours sincère. Seulement voilà c’est bien de ce côté-là que le bât blesse. La naïveté affichée, l’idiotie utile, a très vite ses limites. C’est bien gentil mais peu profond. Il ne suffit pas de dire, de dénoncer, encore faut-il approfondir. Et le fond et la forme. Tout ça est un peu léger. Ce qui s’avère être au demeurant une idée originale très vite s’épuise, part en sucette, s’effiloche et tombe très vite à plat. Bientôt on délaisse les migrants de Calais pour une improbable histoire d’amour avec ce cheval, sexe compris. Ce n’est pas de la zoophilie mais c’est limite. Et c’est pousser, même avec beaucoup d’humour, le bouchon de l’égalité et de l’utopie un peu loin. Puisque il est envisagé ici de faire un enfant avec cet animal pourtant dûment castré. L’honneur est quand même sauf, comme Titania et son âne, on finit par rester chaste. Quoique pour Titania et Bottom… Bref en résumé on songe à cet adage quelque peu modifié, plus je regarde les hommes plus j’aime mon cheval. Jusqu’à le détester. Et c’est ce rapport ambivalent  amour/haine que tente d’illustrer notre Lady Godiva contemporaine avec pour métaphore ce cheval racé mis sur un sabot d’égalité. Et c’est cette histoire- là, cet amour fantasmé, prenant le pas sur l’ensemble, qui finit par lasser. L’amour et le théâtre c’est parfois comme un manège, on y rêve de liberté mais on tourne en rond…

 

© Dorothée Thébert Filliger

 

 

Hate un spectacle de Laetitia Dosch

Avec la participation de Yuval Rozman

Co-mise en scène Yuval Rozman & Laetitia Dosch

Avec Laetitia Dosch et le cheval Corazon

Collaboratrice chorégraphique et coach cheval Judith Zagury / Shanju

Scénographie Philippe Quesne / d’après une peinture de Albert Bierstadt (Courtesy Fogg Art Museum)

Lumières David Perez

Son Jérémy Conne

Collaborateur ponctuels Barbara Carlotti, Vincent Thomasset

Assistant à la mise en scène Lisa Como

Régie générale David Cruz / Techies

 

Du 15 septembre au 23 septembre à 20h30

Jeudi 20 à 19h30, samedi 22 à 20h, dimanche à 16h

 

Nanterre-Amandiers Centre Dramatique National

7 avenue Pablo Picasso

92000 Nanterre

 

Réservation 01 46 14 70 00

www.nanterre-amandier.com

 

 

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