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Hate me, tender, concept et performance Teresa Vittucci, Centre Culturel Suisse, Festival faits d’hiver

Jan 17, 2020 | Commentaires fermés sur Hate me, tender, concept et performance Teresa Vittucci, Centre Culturel Suisse, Festival faits d’hiver

 

© Yushiko Kusano

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

L’Ave Maria de Teresa Vittucci. La Vierge Marie, image d’une féminité idéale, mère et chaste. Icône idéale au corps impénétrable, intact, assujettie. Teresa Vittucci interroge cette figure de la mère de Dieu, le stéréotype qu’elle véhicule avant de libérer joyeusement Marie de ses attributs sacrés. Cette figure emblématique de la mère idéale, construction patriarcale qui induit fertilité, pureté et chasteté et pour ce qui concerne Marie, virginité. Pas le moindre des paradoxes. C’est autour de la question de l’hymen, de son enjeu, symbole de cette chasteté et de la sujétion des femmes, que Teresa Vittucci construit une performance féministe intelligente, radicale et caustique.

Elle dort, au centre du petit plateau. Corps nu, peint comme un vitrail, à peine couvert d’un voile rouge, le rouge de la passion. S’éveille enfin doucement et chante un cantique, ode à Marie, vierge pure. Prend des poses de mater dolorosa, iconographie usuelle dont elle se joue, les yeux au ciel, avec malice. Se flagelle avec la palme du martyr sur du disco, I feel love et Donna Summer. Pas de hasard dans ce choix équivoque. Voilà pour l’icône. Enfin se débarrasse de son voile qu’elle cale jusqu’à la douleur dans son vagin. Et de pénétration elle en parle, geste dessiné à l’appui, un doigt, puis un poing, pour dire la violence phallocrate qui impose la domination par le phallus pénétrant et l’hymen déchiré. C’est net, terrible et précis. Avant de disserter sur l’hymen, son importance dans l’assujettissement des femmes, enjeu d’un contrat social déterminé par le patriarcat. Teresa Vittucci balaye tout ça et prône l’émancipation, la réappropriation de son corps, de son vagin et de son hymen. De sa sexualité, de son plaisir. Fini le patriarcat, place au matriarcat dont la vierge Marie serait la matriarche, ni vierge ni martyre mais femme puissante et libre, nouvelle icône féministe et queer, libérée d’une construction machiste. Dans la lignée d’Annie Sprinkle, moins trash, résolument provocatrice mais avec autant d’humour et de liberté, Teresa Vittucci impose superbement son corps dont elle fait un enjeu politique dans sa recherche chorégraphique-performative sur la haine et le féminisme. Hate me, tendersolo pour un futur féminisme » en est le sous-titre) a reçu le prix suisse de la danse 2019.

 

© Yushiko Kusano

 

Hate me, tender concept et performance Teresa Vittucci

Conseil dramaturgique Benjamin Egger, Veza Fernandez, Rafal Pierzynsky

Scénographie Jasmin Wiesly, Teresa Vittucci

 

 

Du 15 au 16 janvier 2020 à 20 h

Durée 1 h

 

 

Centre Culturel Suisse

32/38 rue des Francs-Bourgeois

75003 Paris

Réservations 01 42 71 44 50

ccs@ccsparis.com

 

Teresa Vittuci revient au Centre Culturel Suisse

Du 26 au 28 février 2020 à 20 h, All Eyes On

Le 29 février 2020 à 20 h, Shameless

 

 

 

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