article de Victoria Fourel

Décidé à fonder une famille, un Grec cherche une Grecque. Et quand il la trouve, son avenir s’éclaircit, soudain tout est limpide, et tout lui sourit. Dans un spectacle riche en idées se trace la trajectoire de ce Monsieur Arnolphe, jusqu’à ce qu’il découvre le pot aux roses, parce qu’il faut bien un pot aux roses.

Tiré d’une nouvelle de Friedrich Dürrenmatt, Grec cherche Grecque est un spectacle fait de pantomime, de danse et de travail choral. Et les propositions servent le personnage plutôt réussi d’Arnolphe, entre passivité tendre et principes moraux d’enfant. Mais ce genre de proposition totale, avec beaucoup de décors, de costumes, et de formes de narration demande de la précision, et de la finesse, qui manquent ici. On ne trouve pas l’unité technique nécessaire aux scènes chorégraphiées et aux personnages colorés, pleins de folie, carnavalesques.

Se détachent très nettement Arnolphe, donc, et le personnage de l’évêque, qui parviennent à jouer avec les codes du ridicule et ceux du concret, voire de l’émotion. Mais en dehors de ces partitions amenées avec talent, on reste assez extérieur à la présence des comédiens, qu’on préfèrerait voir moins en force, en « jeu ». De la même façon, certaines idées de mise en scène sont formidables, car basées sur l’imaginaire, le mime, sans sérieux, sans moyens techniques, et cela nous parvient parfaitement. Contrairement aux choses trop fabriquées ou aux changements incessants de décors, qui cassent le rythme et manquent d’originalité – choisir la bande-originale de Mission Impossible pour illustrer une scène de mission, aussi impossible soit-elle, ou utiliser de la mousse, un canon à confettis, et des majorettes, ne participent pas à créer une unité, un univers.

Le spectacle de Salimov est louable dans son aspect total et riche, mais mériterait de se recentrer parfois, et de se réinventer, peut-être.

Grec cherche Grecque
Texte et mise en scène Emile Salimov
d’après Friedrich Dürrenmatt
Avec Thierry Ferrari, Barbara Belletti, Jean-Pierre Becker, Lucas Bléger, Virginie Pettenati, Jacques Ledran, Mathieu Gorges, Jessica Jaouiche, Lauren Deguitre, Aurélia Aimé, Agnès Barret, Clara-Ann Marchetti, Sarah du Villard, Marlène Arakel.

Du 29 octobre 2015 au 10 janvier 2016
Du jeudi au samedi à 21h30, le dimanche à 17h30

Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières – 75020 Paris
Métro Ménilmontant (ligne 2)
Réservation 01 48 65 97 90
www.vingtiemetheatre.com

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