Critiques // « Ghosts in the machine » de Billy Cowie / Festival Teatro a Corte

« Ghosts in the machine » de Billy Cowie / Festival Teatro a Corte

Juil 22, 2010 | Aucun commentaire sur « Ghosts in the machine » de Billy Cowie / Festival Teatro a Corte

Critique de Camille Hazard

Devant cette installation vidéo en 3D, le spectateur découvre trois jeunes femmes : Rachel, Jennifer et Hedie. Elles sortent chacune d’une sorte de cabine dont on ne perçoit que l’obscurité.

Toutes trois, dans un jeu frontal, s’entretiennent de préoccupations liées à leur jeune âge avec, chacune un comportement singulier : Hedie ne cesse de manger, trahissant ainsi sa boulimie, Rachel parait ne s’intéresser qu’à sa coiffure et à la poésie, enfin Jennifer se complait dans son univers enfantin.

Cette création Ghosts in te machine, (titre de l’album du groupe Police en 1981), englobe les techniques et les approches artistiques chers à l’univers de Billy Cowie : musique, chorégraphie, danse et paroles théâtralisées.

Bien que l’utilisation de la 3D donne vie à ces trois jeunes femmes, leurs propos et leur gestuelle les plaquent dans un conformisme inconscient et les transforment en automates prisonnières de « codes » dans le langage, le maintien, les mimiques…Cette ambiguïté nous révèle leur monde tout juste sorti de l’adolescence, fragile, naïf et surfait. Hedi, dans une lente chorégraphie, imagine tenir un objet rond et délicat dans sa main ; les deux autres la regardent tantôt avec douceur, tantôt avec inattention : toute la poésie de leur univers se met à nue, nous avons l’impression que leur vie ne tient qu’à un fil.

Ces trois personnages semblent évoluer dans un petit espace clos, entre elles, sans se soucier le moins du monde de l’extérieur : nous sommes donc en position de voyeur dans leur intimité de jeunes filles. Pourtant à la fin, Rachel évoque un salut final regard caméra : se donnaient-elles en spectacle ? Avons nous existé pour elles, dans leurs jeux ?

Le salut final est une chorégraphie sur de la musique rock où toutes les trois enchaînent les poses, les mimiques, les postures plaquées et surfaites dites « féminines ».

La vidéo se termine… puis recommence en boucle renforçant l’idée de femmes, de fantômes machines : toute leur fraîcheur, leurs moments de spontanéité sont sapés par cette automatisation des gestes qui se répètent en boucle.

Si les thèmes abordés ici par Billy Cowie sont douloureux, la forme elle, reste légère et poétique. On pénètre l’univers de ces jeunes filles avec sourire : leur personnalité quelque peu surfaite est toujours regardée avec tendresse. On se trouve nous-même sur un fil, entre le désir de sourire devant ces moments de vie ingénus et l’impression douloureuse qu’il y a quelque chose d’irrévocable et de « malsain » qui les entoure : l’Image. L’image que l’on a de soi, l’image que l’on croit renvoyer aux autres, l’images que les autres ont de nous…

Ghosts in the machine
De : Billy Cowie
En collaboration avec le British Concil
Avec : Jennifer Potter, Rachel Blackman et Victoria Melody

Du 21 au 25 juillet à 18h00
Dans le cadre du festival
Teatro a Corte

Cavallerizza Reale – Turin (Italie)
www.teatroacorte.it

www.billycowie.com

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