Critique de Camille Hazard –

Banquier et gestionnaire de patrimoine en Suisse, Gaspard Proust semble être pris du même syndrome virulent que le comédien Xavier Demaison (ex trader à New-York). Il quitte tout : ville, pays, emploi, mode de vie et part s’installer à Paris. Dès 2010 on peut découvrir son humour… grinçant dans plusieurs salles de la capitale.
Aujourd’hui, c’est à Jean-Michel Ribes et au Théâtre du Rond-Point de l’accueillir jusqu’au 23 octobre.

Qui est Gaspard Proust ?

© Alain Leroy

Gaspard Proust, se définit lui-même comme un cartésien désabusé : « Je pense donc je suis, mais je m’en fous. » Le spectacle de G. Proust est un jeu de massacre. Seul en scène, il s’attaque, avec sa logique froide et implacable, à tout ce qui vit ! Végétariens, riches, profs, japonais, femmes, juifs, religieux, obèses, beaufs, allemands, artistes, français, partis politiques, philosophes, provinciaux… et bien d’autres. Personne ne lui échappe, pas même le public qui, non sans une certaine jubilation, se retrouve pris à parti et régulièrement malmené.
Gaspard Proust parait ne pas avoir de limite, ni dans ces idées, ni dans le choix de ses mots. Ce qui le protège ? L’ambigüité. Est-ce l’homme Proust qui parle ou bien le personnage ? Dans une énergie schizophrénique, les deux entités sur scène s’animent et se protègent : Le comédien dans des élans instinctifs, s’appui sur l’homme dégingandé arrivé sur scène presque par hasard et surtout pressé d’en sortir, tandis que l’homme se couvre d’un personnage pour mieux achever ses victimes : Véritable équilibriste fuyant !

© Alain Leroy

« Je n’aime personne, je ne vois pas pourquoi je ferai une exception pour un noir ! »

« Tout le monde est de droite…
Vous en connaissez-vous des gens de gauche qui, après la chute du mur de Berlin se sont enfui à l’Est ? »

A la différence de certains humoristes politiquement corrects (ou pire, faussement subversifs), Gaspard Proust ne fait preuve d’aucun engagement politique, social ou artistique ! Gaspard Proust sur scène est le lâche, le couard, le moribond qu’on ne voudrait être pour rien au monde. Il incarne Celui qui a baissé les bras, Celui qui ne croit plus en rien. Nous sommes à la fois attirés par sa verve, son humour, son audace et terrifiés par sa vision fataliste et résignée du monde.
On espère qu’il restera cet électron libre, libre de tout et ne s’excusant de rien.
Ses paroles ont un goût parfois d’interdit que l’on boit avec bonheur et tant pis si ça nous a fait rire !! Ce n’est pas nous qui l’avons dit !!

Gaspard Proust
De et par : Gaspard Proust (Ed. Stock)

Du 27 septembre au 23 octobre 2011
Du mardi au dimanche à 18h30, relâche dimanche 2 octobre

Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D.Roosevelt, Paris 8e
Métro Franklin Roosevelt ou Champs-Elysées Clémenceau – Réservations 01.44.95.98.21
www.theatredurondpoint.fr

En tournée dans toute la France du 7 Août 2011 au 12 mai 2012
www.gaspardproust.com

Be Sociable, Share!

•