© Yohanne Lamoulère

ƒƒ article de Hoël Le Corre

Après avoir monté cinq étages du Centre Pompidou, nous arrivons dans une pièce de musée aux murs vides, rendant possible la projection aussi bien d’un musée d’Art Moderne que de dés à coudre. Au centre de la scène, cinq chaises alignées : pour une fois, les gardiens de musées ne seront pas réduits à être dans un coin, silencieux et invisibles. Mohamed El Khatib et Valérie Mréjen décalent nos regards des œuvres d’art vers ces sortes de fantômes indispensables : ils auront la parole, la scène pour eux tout seuls pendant 1 h 15.

« Les gens ne nous demandent pas grand-chose. Matisse, Chagall et les toilettes. » Avec des phrases lacunaires mais tellement concrètes, six gardiens nous racontent leur quotidien, les fesses clouées sur une chaise, ne se levant que pour interpeller des visiteurs peu scrupuleux. Le spectateur se retrouve face à une espèce de blues du gardien de musée,  dont les paroles s’avèrent touchantes autant qu’amusantes.

Ces cinq archétypes, venant de toute la planète, s’amusent aussi bien de leurs propres stratégies pour faire passer le temps − observation des touristes, pauses pipi, étirements discrets ou non, conversations plus ou moins intéressantes avec certains visiteurs… qui se moquent des habitudes des visiteurs – de celui qui s’improvise expert en histoire de l’art à celui qui s’obtsine à toucher l’œuvre en passant par ceux qui viennent ne voir qu’une seule et unique œuvre. Et on en apprend finalement autant sur nos comportements dans les expositions que sur les coutumes des gardiens.

Spécialiste du « théâtre documentaire », Mohamed El Khatib propose plus qu’un simple carnet de bord ; ce sont ici des récits intimes, distillés droit dans les yeux, avec une distanciation et une dérision qui rendent attachant chacun des protagonistes. Même quand ils se retrouvent à nous houspiller parce qu’ « on ne touche – vraiment – pas s’il vous plaît ! ».  Une exception, ici, pour les spectacles de Mohamed El Khatib : pas de théâtralité spectaculaire, juste une économie de gestes et de décorum, au diapason avec le modeste, et finalement indispensable, métier de gardien.

© Yohanne Lamoulère

Gardien Party, de Mohamed El Khatib et Valérie Mréjen

Scénographie : Louise Sari

Assistante de projet : Vassia Chavaroche

Collaboration linguistique : Marianne Segol, Iris Raffetseder, Ludmilla Anisimova

Avec des gardiens de différents musées : David Hibernie, du Louvre à Paris, Carolina Hindsjö, Moderna Museet de Stockholm, Marguerite Karcz-Virgili, du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, Seung-Hee Kim, du Noguchi Museum de New-York, Jean-Paul Sidolle, du musée des Beaux-arts de Nantes et Robert Smith, MoMA de New York

Image : Yohanne Lamoulère
Montage : Emmanuel Manzano
Scénographie : Louise Sari
Coordination technique : Jonathan Douchet
Son : Arnaud Léger
Vidéo : Zacharie Dutertre
Assistant de projet : Vassia Chavaroche
Collaboration linguistique : Marianne Segol, Iris Raffetseder, Ludmila Anisimova

Avec le Festival d’Automne à Paris et le Théâtre de la Ville – Paris, avec le soutien de la Fondation Hermès dans le cadre de son programme New Settings

Du 15 au 26 septembre 2021

A 19 h, les mercredis, jeudis, vendredis

A 16 h et 19 h, les samedis et dimanches

Durée : 1 h 15

Centre Pompidou

75001 Paris

Réservations 01 44 78 12 33

www.centrepompidou.fr

Tournée :

2021
10 – 11 septembre | Mucem festival ActOral, Marseille
15 – 26 septembre | Centre Pompidou Festival d’Automne, Paris
28 sept. – 2 octobre | Théâtre national de Bretagne, Rennes
8 – 10 octobre | Festival RomaEuropa, MAXXI, Rome
25 – 28 novembre | Louvre-Lens TANDEM, Arras
3 – 5 décembre | MAC VAL, Paris
10 – 16 décembre | Musée de Lausanne + Théâtre de Vidy-Lausanne, Suisse

2022
18 – 20 mars | Musée du Prado à Madrid
23 – 25 mars | Musée de Chambéry Malraux scène nationale de Chambéry
26 – 28 mars | Musée Granet, Aix-en-Provence

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