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ƒƒ article de Denis Sanglard
À Frou-Frou les Bains rien ne va plus. La station thermale est à sec. Plus une goutte d’eau ! Et c’est le jour d’ouverture de la cure… Les clients se bousculent. Les habitués et les nouveaux, faune excentrique et complétement barrée. Baronne allumée, nymphomane et mère indigne mais lucide, fiston fort benêt, vieille-fille suicidaire, financier amoureux − confondu avec le plombier. Et Kiki qui a disparu ! Le personnel n’est pas en reste. Entre un directeur atrabilaire, un groom lunaire, Baptistin, amoureux de Juliette, fille du directeur qui l’a promise au fils de la baronne, amoureux, lui, de Madeleine la femme de chambre… Frou-Frou les bains, hommage jubilatoire des opérettes de l’entre-deux guerres et à Albert Willemetz (Phi-Phi, Ta Bouche…) dont les chansons les plus connues (C’est mon homme, Si vous n’aimez pas ça…) ponctuent ici ce savoureux pastiche complétement loufoque. Parce que la parodie alerte et joyeuse, le non-sens, l’absurde sont l’apanage de Patrick Haudecœur depuis Thé à la menthe ou t’es citron ?, qui révélait il y a près de trente ans déjà cet étrange individu, croisement hilarant et improbable entre Pierre Richard et Darry Cowl. C’est ce même personnage, vrai-faux distrait et caustique, qu’il promène ainsi de pièce en pièce et on ne s’en plaindra pas. Et c’est la même équipe talentueuse, jeu et voix, aussi zinzin que leur metteur en scène et auteur qui reprend comme il y a vingt ans cet opus musical déchaîné. Et le plaisir de cette équipe est visible, dire qu’ils s’amusent est un euphémisme. La folie règne sur le plateau. Quiproquos et science du gag, sens de la répartie qui fait mouche, et de la formule qui frappe, voire de la chute au sens propre comme au figuré, une mise en scène au cordeau, allégro vivace, menée tambour battant sans que le rythme ne s’essouffle ni l’énergie. Personnages hauts en couleur sans être caricaturaux, on songe à Feydeau, silhouettes tout droit sorties des dessins de Sem, posées là dans ce décor de carte postale, ce sont de drôles et hilarants zoziaux sur le plateau, chantant fort bien, jouant de même, tricotant à l’occasion des gambilles et des claquettes, à l’unisson dans des situations « abracadabrantesques » et qui s’enchaînent crescendo avec une logique imparable d’absurdité et un naturel confondant. Plaisir communicatif qui bientôt déborde jusque dans la salle, laquelle ne boudant pas son plaisir, finit, aux saluts, par chanter d’une même voix « amusez-vous, foutez vous d’tout (…) amusez-vous comme des fous ». On ne saurait mieux conclure. Et en ces temps incertains et fumeux, ça fait du bien. Ah, j’oubliais, on a retrouvé Kiki !
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Frou-Frou les Bains, écrit et mis en scène par Patrick Haudecœur
D’après la mise en scène de Jacques Décombe
Collaboration à la mise en scène Véronique Viel
Décor Jean Haas
Costumes Juliette Chanaud
Lumière Laurent Béal
Musiques originales Patrick Haudecœur, Vincent Prezioso, Isabelle Spade
Direction musicale Vincent Prezioso
Chorégraphies Patricia Grégoire
Avec Patrick Haudecœur, Urbain Cancelier, Isabelle Spade, Jean-Pierre Malignon, Isabelle Tanakil, Guillaume Laffly, Edouard Pretet, Agnes Pat’, Patricia Grégoire
À partir du 24 janvier 2020, 21 h
Théâtre Édouard VII
10 place Édouard VII
75009 Paris
Réservations 01 47 42 59 92
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