© Virginie Lançon
ƒ article de Denis Sanglard
Muriel Mayette-Holz met en scène la trilogie des amours de Zelinda et Lindoro, soit un feuilleton théâtral de près de cinq heures, trois pièces qui s’enchaînent et narrent les amours inquiètes et contrariées de ces deux-là. Pour résumer… Les amours de Zelinda et Lindoro, première partie, ou la passion secrète de nos deux amants est en butte aux desseins contrariés des intentions du maître de maison, Don Roberto, de son fils Flaminio et du serviteur de celui-ci, Fabrizio. Ces deux derniers sont amoureux de Zelinda qui ne peut avouer son amour pour Lindoro sans fâcher son maître et protecteur Don Roberto qui lui voue un amour paternel. A cela ajoutons une belle-mère, Eleonora, inquiète de l’intérêt de son mari pour sa servante. Leur amour sera dénoncé, ils seront chassés, pardonnés et enfin mariés. La jalousie de Lindoro, contraint par manque d’argent de rester au service de Don Roberto, Lindoro développe une jalousie maladive. Flaminio amoureux d’une cantatrice, Barbara, met sa situation en danger. La belle-mère trouve du réconfort auprès du marchand Don Federico. Fabrizio rencontre la jeune servante Tognina. Zelinda averti du danger, et en voulant mettre en garde Flaminio de cet amour illicite au regard de Don Roberto, active involontairement la catastrophe. De quiproquo en quiproquo, la jalousie de Lindoro ne connaît plus de répit. Dans Les inquiétudes de Zelinda, Don Roberto est mort laissant à notre couple un héritage conséquent. Une clause au contrat interdit à Flaminio de se marier avec Barbara et à Eleonora de se remarier, sous peine pour tous deux de perdre l’héritage au profit de Zelinda et Lindoro. Un arrangement se doit d’être trouvé. Lindoro tâche de cacher sa jalousie pour ne pas perdre Zelinda, cette dernière ne le reconnaît plus et doute de lui, de son amour… Mais comme dans toute comédie, tout est bien qui finit bien.
Malgré de bonnes idées, la mise en scène de Muriel Mayette-Holz est quelque peu paresseuse. Efficace, certes, mais littérale et sans véritable direction, ni invention. Ce n’est pas qu’on s’ennuie, le rythme est là et ne faiblit pas, mais il manque un grain de folie, une étincelle, et surtout un réel point de vue et non des clichés rebattus propre à la convention du genre. Certes, les costumes se modernisent au long des trois pièces, du costume XVIIIème à celui plus contemporain pour la dernière partie, illustrant la toujours modernité de l’œuvre, de son sujet, le(s) couple(s) dans tous ces / leurs états. Rien de bien neuf en somme, les ressorts de la comédie classique résistent toujours. L’ensemble tient surtout par les comédiens, impeccables chacun en leur rôle. Mais tous ne semblent pas jouer la même partition. Ça hésite entre la comedia del arte et un jeu plus convenu, conventionnel. Et particulièrement dans la dernière partie où Joséphine de Meaux (Zelinda) jusque-là idoine, dans les pleins et les déliés de son personnage, décolle littéralement dans un jeu soudain burlesque et détonnant, parfois franchement en sur-jeu, au regard des deux premiers opus, plantant là ses camarades restés dans une partition plus classique. De fait, l’ensemble boitille. Dommage, mais reste la découverte d’une œuvre de Carlo Goldoni méconnue et qui n’est pas inintéressante …
© Virginie Lançon
Feuilleton Goldoni, d’après La trilogie des aventures de Zelinda et Lindoro, de Carlo Goldoni
Mise en scène de Muriel Mayette-Holz
Décors et costumes : Rudy Sabounghy
Modélisation maquette : Julien Soulier
Lumières : Pascal Noël
Musique : Cyril Giroux
Assistante à la mise en scène : Jennifer Maria
Assistant à la dramaturgie : Edouard Signolet
Du 8 septembre au 3 octobre 2021
Théâtre de la Scala
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Réservations 01 40 03 44 13
En tournée :
Octobre 2021
Du 08 au 10 (intégrale) Théâtre de la cité, Toulouse
Du 20 au 22 (intégrale) Théâtre Liberté, Toulon
Du 27 au 29 (feuilletons) et le 30 (intégrale), Théâtre de Liège
Novembre 2021
Du 11 au 14 (feuilletons), théâtre du jeu de paume, Aix-en-Provence
Décembre 2021
Du 08 au 10 (feuilletons) et le 11 (intégrale)
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