Entretiens // Rencontre avec Khalid Tamer et Laëtitia Guédon

Rencontre avec Khalid Tamer et Laëtitia Guédon

Fév 24, 2010 | Aucun commentaire sur Rencontre avec Khalid Tamer et Laëtitia Guédon

une rencontre de Bruno Deslot

À l’occasion du Festival Féminin édition 2010, Bruno Deslot a rencontré Khalid Tamer, directeur artistique de la compagnie Graines de soleil et Laëtitia Guédon, qui prend la direction artistique du festival cette année.

Quelles sont les raisons qui ont motivé la création du Festival féminin il y a six ans ?

Khalid Tamer : Un voyage au Mali est à l’origine de la création de ce festival. J’y avais rencontré des femmes maliennes artistes, et me suis dit qu’il fallait en parler, tellement il y avait de choses à dire. Au départ, ce festival était vraiment pour parler de l’artiste africaine, puis les thèmes de société sont venus après. Nous travaillons avec le quartier de la Goutte d’or, là où habitent ces femmes maliennes dont il est question. Le Mali a fait partie de mes premiers voyages et j’ai tout de suite été sensible au rapport avec l’art qu’entretiennent les gens là-bas. J’ai eu l’occasion de rencontrer Aminata Traoré, Ministre de la Culture et d’autres personnalités avec lesquels j’ai le sentiment de partager une humanité pure.

Pour cette 7eme édition du Festival au féminin, vous abordez le thème de l’émergence. Pour quelles raisons ?

Laëtitia Guédon : Khalid Tamer m’a confié la direction de ce festival cette année en me donnant carte blanche. Ce qui représente un enjeu de taille, mais je me suis dit que ce festival était l’endroit idéal pour accueillir des jeunes compagnies émergentes que l’on a pas l’habitude de voir et qui pourtant effectuent un réel travail artistique, particulièrement intéressant. Nous avons choisi Une émergence comme sous titre pour le festival car nous n’avons pas la prétention de réunir toutes les compagnies émergentes qui existent à l’heure actuelle. Le choix s’est porté sur des artistes de talents, qui ont des choses à dire, dont les spectacles ont déjà été représentés. Il n’y a qu’une création à laquelle nous accordons toute notre confiance.

Vous dites, Laëtitia Guédon, que cet événement « culturel, est celui de tous : public et artistes, tous conscients d’un héritage culturel et métisse. » Est-ce pour cela que Nouara Naghouche en est la marraine?

Laëtitia Guédon : Je l’ai rencontrée au Festival d’Avignon cet été, on jouait dans le même théâtre, elle faisait son spectacle Sacrifices et j’ai été bouleversée par cette femme. Comme la question du métissage est très forte pour moi, j’ai demandé à Nouara d’être la marraine du festival, car elle a cette manière admirable de parler des choses graves avec un humour et une légèreté étonnantes. C’était aussi important qu’une artiste comme Nouara, soit la marraine du festival, dans la mesure où sa démarche artistique s’inscrit parfaitement dans celle du festival et ce que nous défendons. Nouara a un réel engagement dans ses projets artistiques et incarne un métissage détonnant. »

Quels seront les temps forts de ce festival ?

Laëtitia Guédon : Il n’y aura pas de temps morts mais que des temps forts, car ce festival est très dense. J’avais envie que ce festival soit à la fois un lieu de création et de rencontres. Et c’est le cas. Durant toute la durée du festival, il y aura toujours quelque chose à voir ou à faire. Au sein même du quartier, il y aura toujours un effervescence, une sorte d’émulation entre le public et les artistes. La soirée d’inauguration accueillera tous les artistes du festival et Lazoo, qui fait des graffs sur toile et qui en réalisera un le jour de l’inauguration, qui sera vendu aux enchères le dimanche qui suit. Tous les spectacles ou concerts sont d’une grande qualité et chaque rendez-vous a sa particularité. A priori, pour l’inauguration du festival, nous devrions réaliser un happening qui consistera, par l’intermédiaire d’une chorégraphe, à faire réaliser une petite suite de mouvements à quelques personnes filmées. Cette vidéo ira sur internet, de manière à regrouper 400 personnes qui reproduiront cette chorégraphie en allant au Lavoir moderne pour l’inauguration du Festival au féminin. L’idée étant d’investir vraiment les rues afin d’être en contact avec les habitants du quartier. »

Khalid Tamer, quel est votre rôle et regard sur cette 7eme édition du Festival au féminin ?

Khalid Tamer : Pendant six ans, j’ai été directeur artistique du Festival, et je trouvais qu’il était important de passer la main cette année. Et c’est ce que j’ai fait avec Laëtitia pour cette 7eme édition. Ce qui est intéressant dans cette démarche, c’est qu’elle permet d’entendre cette jeunesse que l’on n’entend pas ou plus que dans les banlieues, ce qui est regrettable ! Il y a une autre jeunesse qui a autre chose à dire mais que l’on n’entend jamais. J’aimerai bien que les financeurs, la critique ou les professionnels se déplacent et découvrent le talent de ces nouvelles compagnies émergentes. La découverte reste le fer de lance de notre métier.

Au Féminin, 7e édition
Un festival artistique conjugué au féminin
Du 1er au 8 mars 2010
Quartier de la Goutte d’Or
75 018 Paris

www.festivalaufeminin.com

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