ƒƒƒ, article de Jean Hostache

A l’image du bouquet final explosif que nous offre cette représentation, la nouvelle version de cet opéra, entre farce et romantisme, détonne par ses couleurs chatoyantes, son rythme vif et son énergie ardente.

De la théâtralité sur-exhibée à bien des égards. Ce que Jolly maîtrise à la perfection. On ne trouvera ainsi dans sa mise en scène aucune volonté d’actualisation – le livret parle de notre contemporanéité de lui-même – mais un jeu amusant sur de vieilles recettes et d’anciens codes théâtraux. Tout nous indique sans cesse que nous sommes au théâtre, et cela fonctionne à merveille. Il y a là une tendance au spectaculaire poussée à l’extrême, et on ressort agréablement les deux yeux flamboyant comme deux projecteurs. La scénographie – tout à fait imposante- souligne notamment ce côté grandiose, ne cherchant pas le réalisme mais le rêve et la poésie. Les lumières – comme toujours chez Jolly si bien pensées – demeurent la perle de son théâtre. Enfin, si on trouve ici une surabondance de théâtralité, c’est bien parce que le jeu déborde sur la musique, et c’est tant mieux ! Fantasio : un opéra que nous avons rarement la chance de voir programmer, une musique sensible qui oscille entre la langueur romantique et les cabrioles adolescentes, et pour finir des arias de toute beauté. Une découverte, mais aussi un plaisir de voir réellement des chanteurs se prêter au jeu du comédien. Le lyrisme du chant prend ses libertés à tous les étages, rendant la musique bien plus vivante et bien plus sensible. C’est notamment le cas notable de Marie-Eve Munger qui, outre sa performance vocale magistrale pour le rôle d’Elsbeth, se révèle une comédienne de talent, qui assume son plaisir de jouer. Là où Jolly reste le maître du théâtre c’est dans la comédie et la farce. Même dans les moments les plus tendus il arrive parfois à nous faire rire, sans pour autant tomber dans un décalage qui serait de mauvais gout. Tout comme le rythme de sa mise en scène, l’humour est dosé avec précision. Un spectacle de taille, filant Allegro sous nos yeux hagards, qui au salut final ne demanderaient rien d’autre qu’un nouvel acte pour rappel.

FANTASIO
Opéra de Jacques Offenbach
Livret de Paul de Musset
Direction musicale : Laurent Campellone
Mise en scène : Thomas Jolly
Collaborateur artistique : Alexandre Dain
Décors : Thibaut Fack
Costumes : Sylvette Dequest
Lumières : Antoine Travert et Philippe Berthomé
Assistante direction musicale : Claire Levacher
Assistante mise en scène : Katja Krüger
Assistant mise en scène pour le chœur : Pier Lamandé
Assistante création costumes : Magali Perrin Toinin
Chef de Chant : Martin Surot
Chef de chœur : Mathieu Romano

Avec Marianne Crebassa, Franck Leguérinel, Marie-Eve Munger, Jean-Sébastien Bou, Loïc Félix, Alix Le Saux, Philippe Estèphe, Enguerrand de Hys, Kevin Amiel, Flannan Obé, Bruno Bayeux

Chœur Aedes
Orchestre Philharmonique de Radio France
Opéra-Comique

Du 14 au 27 février à 20h, le 12 et 26 février à 16h

Théâtre du Châtelet, 1 place du châtelet 75001 Paris
Métro Châtelet lignes 1, 4, 7, 11 et 14
RER Châtelet les Halles lignes A, B et C
Bus lignes 21/38/58/67/81/85
Réservations au 01 40 28 28 40
www.opera-comique.com

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