© Marion Tubiana

ƒ Article de Victoria Fourel

Le cheval, au centre du travail de Bartabas depuis trente ans, devient maître du jeu et reflet de notre humanité dans l’ultime spectacle de l’écuyer scénographe. Un animal libre et imprévisible mis en avant comme jamais auparavant.

Dans Ex Anima, pas de prouesses techniques, pas de voltige. Libéré de son cavalier, le cheval évolue, parfois comme complètement seul. L’homme observe, dans l’ombre, dénué de toute particularité. Il est présent, mais dans cet univers mystérieux, c’est le cheval qui mène. Bougies, fumée, entrées et sorties au noir, musique, tout ramène à la relation mystique entre la bête et l’homme, à la magie de leurs rapports. Si cela donne souvent des tableaux un peu courts et un déroulé assez linéaire, c’est aussi l’occasion d’images surprenantes et poétiques, comme lors d’interventions d’autres animaux, qui évincent le dresseur.

En tant que spectateur, on ne sait parfois pas vraiment où est notre place. Les équipes de Bartabas ne créent pas de lien avec le public, le laissant seul observateur, et seul tout court. Cela manque d’un pas vers nous, pour nous impliquer davantage, nous emmener avec eux, cela manque de liant. On ne sait si c’est en effet l’imprévisibilité des numéros sans narration, l’invisibilité  des hommes et des femmes autour des chevaux, mais quelque chose nous empêche d’être vraiment présents. La musique, par exemple, enveloppe le spectacle d’une magie, d’un aspect mystique très fort qui crée une ambiance palpable dans tout l’espace de jeu, mais devient parfois stridente et omniprésente. D’Ex Anima se dégage beaucoup de spiritualité et de personnalité. Les animaux et leurs corps saillants sont mis en valeur par des lumières magnifiques. Mais cela n’empêche pas de chercher des repères dans les tableaux, cela n’empêche pas non plus qu’il est difficile d’apprécier un objet théâtral à la fois ambitieux et peu tourné vers le public, parfois obscur.

Poétique, personnel, atypique, ce spectacle est un ovni dans la création équestre. On est tantôt hypnotisé par notre incapacité à anticiper ce qui est écrit et ce qui ne l’est pas, tantôt on est frustré de ne pas être davantage connecté au propos. Une dualité intéressante mais imparfaite qui nous accompagne longtemps après le spectacle.

Ex Anima, de Bartabas

Conception, scénographie et mise en scène  Bartabas

Avec les chevaux Cintron, Dominguin, Manzanares, Nimeno, Arruza, El Gallo, Belmonte, Bombita, Chicuelo, El Cordobes, Paquirri, El Soro, Manolete, El Viti, Guerre, Famine, Conquête, Misère, Lug, Dagda, Ogme, Nuada, Credne, Mac Oc, Le Grincheux, Angelo, Tsigane, Van Gogh, Calacas, Lucifer en alternance avec Bamako, Majestic, Noureev, La Mule, L’Âne, Le Tintoret, Zurbaran

Avec la participation de Bartabas, Marc Batailley, Erwan Belland, Thierry Brillaud, Amandine Calsat, Everest Canto de Montserrat, Samuel Capdeville, Henri Carballido, Eva Courtès, Manon Demarcq, Gérard Deniaux, Madi Dermé, Artémise Desmazieres, Valérie Dugard, Pierre-Léonard Guétal, Johanna Herrera, Philippe Imbréa, Elona Ivi, Julien Koch, Stéphane Krumhorn, Ouali Lahlouh, Yannick Laisné, Steven Le Touze, Maud Lemercier, Julie-Sarah Ligonnière, Mathias Lyon, Morgan Marchand, François Marillier, Loïc Merrien, Christelle Naddéo, Sébastien Naud, Solène Orriere, Jean Parthenay, Matthieu Pelletier, Anne Perron, Véronique Piron, Lisa Pol, Sophie Prietz, Frédéric Prin, Sébastien Puech, Etienne Regnier, Emmanuelle Santini, Alice Seghier, Jean-Luc Thomas, Justine Walter, Wang Li, David Weiser, Messaoud Zeggane.

A partir du 17 octobre 2017
Du mardi au samedi à 20h30
Le dimanche à 17h30

Théâtre Zingaro
176 avenue Jean Jaurès
93300 Aubervilliers

Métro Fort d’Aubervilliers
Réservation 01 48 39 54 17

www.zingaro.fr

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