Critique de Camille Hazard –
Etude faite dans le laboratoire | résidence
Cette recherche théâtrale a débuté dans un amas de tissus, de vêtements neutres, sans connotation d’époque ni de genre ou chaque acteur piochait à sa guise sa matière de travail.
Cet atelier, proposé à des comédiens ou des réalisateurs français et italiens, et dirigé par Jean-Claude Penchenat, tourne autour de plusieurs questions fondamentales pour l’art dramatique : comment rendre l’étude des costumes théâtraux fonctionnelle aux personnages ? C’est à dire, comment utiliser toutes les possibilités de jeu qui s’offrent au comédien lorsque celui-ci revêt une cravate, un jupon ou une robe légère ? Comment créer son personnage à partir du vêtement, de ses couleurs, de sa forme, de sa matière…
Jean-Claude Penchenat a choisi comme champs d’expérimentations des scènes extraites des pièces de Goldoni et de Marivaux qui permettent à chaque acteur de rendre le costume vivant par des travestissements, des changements soudain de personnages…
La scène est composée de trois pendrions, de quelques chaises qui permettent les échanges et surtout, des costumes, des vêtements, ceux des personnages mais aussi ceux des comédiens ! Car ces acteurs qui présentent une fin d’atelier, jouent également à une troupe d’acteurs qui répètent leurs scènes en vue de jouer une pièce. L’ambiguïté se crée alors facilement : nous ne savons plus, à certains moments, quels rôles ils tiennent .
La langue et le langage théâtral tiennent une place très importante dans ce travail de recherches : les acteurs italiens ont du appréhender la langue de Marivaux, le jeu théâtral français, de même pour les acteurs de l’hexagone. Les deux formations, les deux héritages dramatiques se sont rencontrés, apportant une dimension plus dilatée, plus dirigée vers l’aspect comique du théâtre italien pour les textes de Marivaux et une recherche de sincérité, de naturel et de psychologie pour les scènes de Goldoni ( la bonne mère, la dame prudente).
Cet atelier, outre l’aspect artistique, tient de l’engagement politique et culturel : constituer un groupe de 15 acteurs français et italiens comme acte de résistance face au désintérêt constant des institutions pour la création artistique .
Cette présentation rend bien compte du travail, de la recherche et des questions abordées tout au long de l’atelier mais il aurait pu être intéressant et complémentaire de les suivre une journée pour assister au mécanisme créateur .
Etude faite dans le laboratoire
Il corpo, il vestito e il comportamento
Direction du laboratoire : Jean-Claude PenchenatLe 22 juillet 2010 à 20h
Dans le cadre du festival Teatro a CorteCentro Internazionale del Cavallo – Druento (Italie)
www.teatroacorte.it