ƒƒƒ article de Victoria Fourel

Élise, elle a 13 ans, une maman, des copines, des profs, une radio, des petits hauts qui lui vont bien et une idole, Céline. Élise, elle a 13 ans, et pendant ce spectacle drôle et cruel comme l’adolescence, elle nous les raconte, nous les joue, nous les rappelle.

L’intelligence d’Élise, c’est la simplicité. Pieds nus, vêtue de noir, la comédienne interprète tour à tour chaque personnage, en choisissant quelques caractéristiques légères pour chacun, et quelques accessoires puisés dans une malle. Sur la plateau, chaque scène, chaque changement, est délicat, sans fioritures. Ne restent plus que les mots et les grandes émotions de jeune fille en fleurs. C’est d’autant plus drôle qu’on est surpris à la fois par la justesse de ce qui est dit, parce que oui, c’est tout bête de faire l’adolescente, en fait, et par l’engagement d’Élise elle-même, qui change de visage à chaque personnage, qui n’a besoin de personne pour être tout le monde, et avec précision.

La mise en scène est maligne, donc, fluide parce que sans esbroufe, donc. Et on rit beaucoup, parce qu’on peut, et qu’on doit, se moquer de l’adolescence, période de bande-dessinée dans une vie, où tout est trop. Trop beau, trop triste, trop fort. On est bête, quand on a 13 ans. Mais ce qui fait qu’Élise est un spectacle intelligent, c’est l’émotion que l’auteur – comédienne garde de tout ça. On rit mais on ne se moque pas. Parce que l’adolescence, c’est le moment de la vie où on ressent  des choses extraordinaires, pour des raisons pas extraordinaires. Tony va-t-il m’embrasser à la boum ? Me remettrai-je jamais du voyage scolaire qui a changé ma vie ? Tout ça renverse le cœur d’une fille de 13 ans, et c’est beau et ridicule. Tout ce qu’on s’imagine, tout ce qu’on voit à travers des idoles, tout ce qui est important. Tout est dans Élise. Au détour de quelques scènes franchement savoureuses de prof de sport et de maman déprimée, on est dans le one-woman show, où la comédienne enfile son personnage et nous alpague, et puis à travers un instant décalé et poétique, on est dans le théâtre contemporain plein de fantaisie et de technique.

Sans le dire, avec bonhomie et humilité, ce spectacle est un émouvant petit portrait de soi, d’une époque vite révolue, vite considérée comme douloureuse et cruelle, mais qui est pleine de vie, d’envie, et de drôlerie. Elle nous ferait presque aimer l’adolescence et Céline Dion en une heure et demi.

Elise  Chapitre 2 : Pour que tu m’aimes encore
Texte Elise Noiraud
Collaboration artistique Baptiste Ribrault
Avec  Elise Noiraud

Du 11 au 26 janvier.
Le lundi à 21h15, et le mardi à 19h.

Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple 75011 Paris
Métro Belleville ou Goncourt
Réservation 01 48 06 72 34
theatredebelleville.com

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