© mirko Leueuberger
ff article de Denis Sanglard
Une boule d’énergie pure, déchaînée, que rien ne semble pouvoir arrêter. Mélanie Guex danse comme on combat, le plateau est une arène ouverte, immersive, où cette danseuse suisse se lâche, un lâcher-prise fascinant, un abandon total où tout peut advenir. Accompagnée à la batterie par Clément Grin, lequel impulse cette danse revigorante et faussement borderline, impose son rythme, une montée progressive vers un climax inouï qui concentre et cristallise cette énergie indomptable, indomptée. Le corps de Mélanie Guex, à l’écoute concentrée de ce tempo bientôt infernal, répond, se plie sans jamais rompre, entre tension et relâchement, impulsion lente, accélération, décélération et rupture sèche. Le Jo Ha Kyu appliqué au clubbing. Car il y a de ça, chez ces deux-là, dans cette appréhension et la maîtrise du rythme propre à la techno qui joue de cette tension extrême jusqu’à la rupture, voire la suspension du rythme, avant de repartir et de monter plus haut encore, toujours plus haut. La spatialisation du son, l’éclatement de l’espace qu’elle traverse imposant sans brutalité au public de s’écarter, de l’accompagner même, les podiums sur lesquels elle se pose, participe aussi de cette référence volontaire à la culture du clubbing. A bien observer la danse de Mélanie Guex, elle ne cesse de traverser le public au plus près, on est frappé par sa ressemblance (involontaire) à celle de Joséphine Baker, période « revue négre », cette même générosité, cette urgence vitale, cette appétence au mouvement d’une liberté totale, explosif, joyeux, affranchi de toute norme, jusqu’à la mobilité fascinante du visage qui se fait parfois clownesque. Au-delà de la performance, cette danse-là est un manifeste évident. Clément Grin et Mélanie Guex, indissociable l’un de l’autre, ont cette volonté têtue et tenace d’aller au bout d’eux-mêmes dans un groove impulsif qui les mène l’un comme l’autre à la transe. Rien ne semble vouloir ni pouvoir les arrêter. Pour preuve, le public sorti sur injonction de Mélanie Guex, ces deux-là continuaient dans un gymnase vide de ses spectateurs.
© Philippe Weissbrodt
Down (Full Album), concept, direction et performance de Mélanie Guex
En collaboration avec l’équipe artistique
Création musicale et performance : Clément Grin
Accompagnement à la mise en scène et dramaturgie : Bast Hippocrate
Diffusion sonore : Charlotte Vuissoz
Scénographie et costumes : Lucie Meyer
Création lumière : Justine Bouillet
Conseiller artistique : Julie Botet
Vu le 3 juillet 2024
Lycée Jacques Decour
12 avenue Trudaine
75009 Paris
Réservation : www.parislete.fr
Tournée :
16/17 – 08 FAR festival, Nyon (CH)
27/28 -09 Gesnerallee, Zürich (CH)
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