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Distinguished Hits 1991-2000, La Ribot, au C.N.D

Nov 10, 2016 | Commentaires fermés sur Distinguished Hits 1991-2000, La Ribot, au C.N.D

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

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La Ribot, la compile ! Reprise de 10 pièces conçues entre 1991 et 2000, un choix cohérent parmi les 53 déjà conçues depuis (100 sont, à terme, prévues). Pièces performatives n’excédant pas 7 minutes, formes brèves avec une économie de moyen radical. La Ribot se présente nue, à nu, mais avec toujours cette question centrale : la représentation du corps féminin. Ce qui frappe c’est la toujours pertinence des questions posées, sans doute plus sensible aujourd’hui en ces temps sombres où le féminisme est dénoncé, attaqué. Entre le corps naturel et fabriqué. On pense immanquablement à Simone de Beauvoir, « On ne sait pas femme, on le devient ». Le corps comme construction sociale et politique dont se joue La Ribot avec beaucoup d’humour, un humour pince-sans-rire et grinçant et qui fait mouche. Les images crées avec trois fois rien, de bric et de broc, objets de récupérations parfois, mais avec une valeur symbolique forte, comme autant de signe d’une artificialité, d’un corps accessoirisé assigné à une condition, et ainsi rassemblées, un patchwork, montrent une cohérence dans le discours, entre corps objet et corps sujet. C’est d’autant plus troublant que l’espace scénique est flottant, la proximité avec La Ribot immédiate, voir violente selon les pièces. Elle évolue parmi les spectateurs, d’un point à l’autre du studio. Libre à nous de la suivre ou pas, de s’en approcher ou de s’en éloigner. De jour sur les perspectives, le regard. Une mise en danger tout aussi symbolique que les actions menées. Et si cela commence par un strip-tease ce n’est sans doute pas un hasard. C’est bien à cela que nous allons assister, au long de ses « pièces distinguées », une mise à nu des mécanismes sociaux et politiques qui participe de la construction du corps féminin, voire sa marchandisation, et de fait du corps social voir politique. La Ribot se dépouille, agite les oripeaux d’une féminité de pacotille, accessoirisée, fragmentée en autant de rôles attribués, imposés par la société. Beaucoup d’humour, voire de burlesque, certes mais également une certaine violence que porte par exemple « Another Bloody Mary », pièce distinguées n°27 (2000). Poupée tragique comme jetée là, désarticulée, offerte crûment au regard. C’est cette oscillation entre les genres, comme la brièveté des performances, qui fait également toute la valeur et la force de ces pièces ainsi rassemblées. Comme une collection hétéroclite, un bric-à-brac, un collage qui démontre combien La Ribot est une artiste protéiforme, caméléon, au regard acéré mais capable d’une grande plasticité, entre performance et danse, empreint de théâtralité. Avec toujours cette cohérence aigüe dans le discours et son traitement.

 

Distinguished Hits 1991-2000
Conception et interprétation La Ribot
Lumière Éric Wurtz
Costumes La Ribot

Du 7 au 10 novembre 2016 à 20h30

Centre National de la danse
1, rue Victor Hugo – 93507 Pantin
Réservations 01 41 83 98 98
www.cnd.fr

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