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Dieu est mort pour nos péchés de Liza Machover, mise en scène de Liza Machover, au Théâtre de la Bastille

Juil 06, 2016 | Commentaires fermés sur Dieu est mort pour nos péchés de Liza Machover, mise en scène de Liza Machover, au Théâtre de la Bastille

ƒƒ Article de Victoria Fourel

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© DR

La Foi. Religion, croyance, jeunesse, ténacité, peur ou aveuglement. On ne sait comment la définir, et elle pose question malgré nous, même lorsque l’on a trouvé sa place dans son sein. C’est ce qu’explore cette création, pour en tirer des images, des impressions, à défaut d’en tirer des explications.

Fait de montage et d’écriture collective, le spectacle a tout de la création d’exploration. Elle accole diverses images de la Foi, des tableaux très différents pour rendre au plateau son portrait. Entrée dans les ordres, chant religieux, épuisement de la foi, signification de l’engagement. Assez intelligent dans le montage, il compose avec tous les outils de la création moderne : monologues existants sobres et attachés à un corps et à une voix, scènes réalistes voire quotidiennes où la vie s’invite en scène, et performances pures, entre danse et théâtre physique. Ainsi se dévoile une grande envie d’explorer ; donc, mais aussi un goût de la démonstration : toutes ces formes sont à disposition de ce très beau et grand plateau, alors on les utilise. Et c’est une riche idée pour ne pas rentrer dans l’explication du concept même, pour ne pas tomber dans la facilité. Liza Machover conçoit le spectacle, mais c’est bien la Foi qui en est l’auteur, c’est bien ces questionnements autour du ‘plus grand que soi’ qui en est le liant. Même si ce liant se fait discret, et parfois peut-être un peu trop discret, on est face à un plateau énigmatique, où l’on est en perpétuelle recherche.

On est d’emblée cueilli par un fragment de vie quotidienne de quatre sœurs. Cet instant de complicité va être bouleversé par la Foi, qui fait son entrée dans une fête d’anniversaire, comme pour la troubler. Cette introduction raconte la croyance dans une vie de jeune femme d’aujourd’hui, parti pris intéressant, et qui a le mérite de replacer le spectacle dans son contexte : il a été mis sur pied par de jeunes comédiennes et metteur en scène, c’est elle que la Foi touche, aussi, parfois. En revanche, ce qui passe d’abord pour une introduction savoureuse s’éternise un peu, et l’on se demande comment amener d’autres points de vue. On regrette un peu que ce travail entre écriture collective et improvisation ne soit pas plus rapide, plus dynamique pour lancer le spectacle.

Mais dès que cette première partie est terminée, on ne peut que voir l’étendue de l’inspiration de cette équipe : les moments chorégraphiés sont tendus, les corps sont précis, et l’enthousiasme se lit jusqu’au sourire du salut final. Final marqué par une performance endurante qui touche le concept de superstition, que l’on confond, à tort ou à raison, avec la Foi. C’est concret, c’est parfois drôle, ça questionne la croyance lorsqu’on la met face à la fougue de la jeunesse. Le silence du ciel est-il supportable ? Le ciel est-il seulement silencieux ? Bien sûr, tant de matière et de sujets divers posent le problème du rythme, rendant difficiles à suivre les monologues exigeants, mais l’énergie et les visages lumineux des comédiennes suffisent à prouver que si la Foi est un sujet inépuisable, celle que dégage le plateau l’est tout autant.

Dieu est mort pour nos péchés
Conception Liza Machover
Mise en scène Liza Machover
Avec Anne Duverneuil, Naïs El Fassi
Lundi 4 juillet 2016 à 19h30

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, 75011 Paris
Métro Bastille
Réservation 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

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