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Deux mètres de liberté, de Reda Seddiki, au Théâtre du Lucernaire

Juin 26, 2018 | Commentaires fermés sur Deux mètres de liberté, de Reda Seddiki, au Théâtre du Lucernaire

© Fabrice Guillbaud 

 

ƒ Article de Victoria Fourel

Reda Seddiki vient d’Algérie, il vit en France, il voit et entend ses deux pays vivre, pose sa tête sur l’épaule de l’un tout en parcourant l’autre. Ce one man show jeune et délicat trace l’identité d’un homme, d’un comédien, traite de liberté donc, et d’identité.

Il y a quelque chose de très naïf dans le personnage campé par Reda Seddiki dans son spectacle, et visiblement très proche de lui-même. Il arrive, n’impose rien à part son grand sourire enfantin et ses chaussettes à motif parapluie. Une dégaine d’adulte pas tout à fait sorti de l’enfance qui touche tout au long du spectacle et participe grandement au charme de Deux mètres de liberté. A la fois lorsqu’il nous parle de ses origines et de son amour pour ses deux pays, et lorsqu’il se lâche avec une ou deux blagues assez osées. C’est aussi cette humilité teintée de folie douce qui nous capte même quand le spectacle redescend un peu en rythme et perd en concentration. Reda Seddiki appelle la douceur et avec elle l’indulgence.

Ce que l’on apprécie, c’est que ce spectacle dit ce que l’identité a de beau, de simple, d’évident, sans forcer le trait. Et donc le comédien et son propos sont en phase de bout en bout. Mais techniquement, bien sûr, difficile d’imposer un rythme, une écoute parfaite. Le public se dissipe un peu, le tout est un peu inégal, tantôt drôle et surprenant, tantôt trop tranquille et sans grand relief. On est touché puis laissé de côté, et le public se dissipe au fur et à mesure des sketches.

Là où Reda Seddiki est vraiment dans son élément, c’est dans l’interprétation de personnages, parfois caricaturaux mais souvent bien sentis, de ses tontons du bled, des parisiens pure souche, de ceux qu’il croise ou a croisé. On regrette donc qu’il n’ait pas davantage bâti son spectacle sur ces portraits-là. En effet, lorsque la lumière le met en avant et lorsqu’un personnage de sa création fait son apparition, les réactions se font plus discrètes, l’écoute se fait plus précise. On a alors face à soi plus de facettes de jeu, plus de qualité dans la mise en scène, aussi. Il aurait donc fallu plus de fiction, plus de jeu réel pour nouer du lien avec ses spectateurs sans pour autant laisser échapper certains moments de sa représentation.

Sur le fond, de jolis moments, de belles idées sur l’étranger et l’identité, un retour à la simplicité de ce qu’est l’humain : un mélange de coutumes et de souvenirs, d’inné et d’acquis, une capacité à exister en plusieurs endroits à la fois. C’est d’ailleurs ce que nous propose le spectacle dans une certaine mesure. Il faut lui reconnaître une belle énergie, même si le voyage manque encore de texture, de relief, même si le jeu doit encore se muscler pour arriver à devenir un moment de communion et de fantaisie.

 

Deux mètres de liberté

Texte Reda Seddiki

Mise en scène Reda Seddiki

Avec Reda Seddiki

 

Du 22 juin au 2 septembre 2018, vendredi et samedi à 21h30, le dimanche à 19h.

Théâtre Le Lucernaire

53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 PARIS

Réservation 01 45 44 57 34

http://www.lucernaire.fr

 

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