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Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise), de Baptiste Amann, le Centquatre-Paris

Mai 31, 2017 | Commentaires fermés sur Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise), de Baptiste Amann, le Centquatre-Paris

 ƒƒ article de Nicolas Brizault

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© DR

Quatre jeunes adultes, frères et sœur, sont dans un pavillon de banlieue pour régler mille problèmes après le décès de leurs parents. Lyn, épuisée et frôlant l’hystérie face à ses deux frères Samuel et Hafiz, cherchant de leur côté qui est le plus intelligent, le plus doué, le plus fort, le plus, le plus, le plus… Benjamin, suite à un accident de voiture, vogue dans un espace tout à fait personnel. Dans la cuisine et le jardin de leurs parents, ils tentent de se faire face, de se retrouver, de s’aimer sans pouvoir le plus souvent se supporter.

Hurlements, disputes, coups de poings. Une immense partie de ce spectacle « Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise) », écrit et mis en scène par Baptiste Amann, baigne dans une violence terrible, on a envie de baisser le son, on supporte, en attendant la prochaine prise de bec pour une histoire de pizzas. Ils viennent de perdre leurs parents, surprise, douleur. Aucune union, des citadelles branlantes plutôt, qui rêvent d’être fortes.

Les parents sont morts dans un coin, pas encore enterrés, on en parle très peu ou à peine. Ce sont les « essences » des enfants qui apparaissent, des gouttes de leurs passés qui nous font comprendre pourquoi et comment ils sont ces Lyn, Samuel, Hafiz et Benjamin aujourd’hui. Des douleurs, des trop, des à-côté. L’intérieur de cette maison semble un peu désordonné, celui des enfants aussi. Les câlins se transforment en bagarres pour jouer ou pas. Il y a les frères mâles et la sœur. Devinez qui range ou pense à faire une tarte pour les voisins ?

Les problèmes évoqués ici où là explosent dans la cuisine, au sein de cette fratrie impossible, ou bien sont présentés à part, pour le spectateur seulement, un peu de calme et un jeu différent que ces bouches tordues à répétitions. Là, on fait connaissance, petit à petit. Et lentement vient la conquête. Tous les sujets abscons, les cercueils en acajou ou non, les voisins, les papiers à remplir, tout devient clair. Jusqu’au sujet si surprenant de Condorcet, qui apparaît en pleine cuisine, avec une mise en scène mêlant subtilement et avec humour les personnages, les époques, le presque rien et le tout. On est subjugué et les hurlements, les cris si souvent et si violemment lancés dans le vide sont vite oubliés.

Du pour et du contre dans ce spectacle. Un peu de « trop ». Et puis ces vagues de finesse qui vous séduisent et vous emportent loin, vous expliquent tout, là, comme ça. Ces portes ouvertes, cette lumière au loin – même si sur scène c’est le brouillard intense qui par deux fois noie les comédiens, et donne justement un brin de subtilité « en plus ». Une pluie de petites histoires, un bout de la grande, des cris, un souffle ou deux, quatre personnages dont la réalité nous titille et nous pousse à aller voir si tout va bien du côté de chez nos parents. Ou sur leurs tombes. On est attiré, repoussé : l’énergie et le talent sont là.

Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise), de Baptiste Amann
Création de la Pépinière du Soleil Bleu & Glob Théâtre
Texte Baptiste Amann, édité par Théâtre Ouvert (édition Tapuscrit)
Mise en scène Baptiste Amann
Assisté de Yohann Pisiou
Avec Solal Bouloudnine, Samuel Réhault, Lyn Thibault, Olivier Veillon
Lumières Sylvain Violet
Son Léon Blomme
Costumes Wilfrid Belloc
Scénographie Philippe Casaban, Eric Charbeau
Construction décor Nicolas Brun, Maxime Vaslin

Du 16 au 24 mai 2017
20h30

Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial
75019 Paris
Billetterie 01 53 35 50 00
www.104.fr

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