© IMA A. Sidoli
ƒ article de Victoria Fourel
Les derviches, ce sont ces religieux qui acceptent le dénuement, ces ascètes, qui par la danse et finalement la transe, répandent la grâce et se rapprochent de Dieu. En réinterprétant et en jouant avec les codes, le groupe franco-syrien Bab Assalam et le circassien Sylvain Julien tentent une nouvelle approche de la discipline et créent des ponts entre les continents.
C’est un spectacle d’ambiance, un spectacle d’exploration que ce Derviche. Les lumières, très belles, font exister une atmosphère de crépuscule, un moment entre chien et loup, propice au mystère et au mystique. Exploration, aussi, car la performance du danseur sur la musique se fait extrêmement progressive, dans une recherche de mouvement permanent, qui barre la route à la performance pure. Dans la musique aussi, on laisse s’installer les choses, permettant d’aller vers la concentration, et pourquoi pas la communion.
Ce qui pose question, c’est cette montée progressive de la performance, qui parfois nous laisse un peu de côté. Sur la toute fin du spectacle, les cerceaux utilisés par Sylvain Julien se transforment peu à peu à nos yeux et recréent l’image des costumes des derviches tourneurs. Dommage que ces images ne s’installent pas davantage, et que les cerceaux ne prennent cette fonction qu’à la toute fin. Si ce moment, accompagné de la musique de plus en plus expérimentale et électro du groupe, est fort et techniquement imparable, on aimerait que cette part de réinterprétation dure davantage.
Il y a quelque chose d’assez classique dans ce spectacle. Dans le bon comme dans le mauvais sens. Simple, précise, la présence du danseur ne cherche pas à être dans la démonstration, se superpose et s’efface devant le groupe, qui parvient quant à lui à faire coexister musique orientale et occidentale à la perfection. Mais parfois, la simplicité trouve sa limite, par exemple dans les projections de traduction des textes, qu’on aurait aimé plus originales, moins systématiques. Même chose pour l’utilisation des cerceaux. Si elle sait se faire passionnante, drôle parfois, souvent originale, elle reste aussi de temps à autre bloquée sur certains mouvements, certaines redites.
Ce concert dansé revisite une tradition, une pratique ancestrale connue et pourtant mystérieuse. C’est ce mystère, cette transe, que parvient bien à recréer le spectacle. Dommage que toute la performance ne soit pas aussi impressionnante que la magnifique dernière séquence.
© Valentine Brune
Derviche, de Bab Assalam et Sylvain Julien
Musique Bab Assalam
Lumières Dominique Ryo
Regards extérieurs Jean Lacornerie et Heinzi Lorenzen
Collaboration technique et son Emmanuel Sauldubois
Regard danse Annette Labry
Costumes Céline Pigeot
Avec Khaled Aljaramani (oud et chant), Mohanad Aljaramani (percussions, oud et chant), Raphaël Vuillard (clarinettes et live electronic), Sylvain Julien (danse et cerceaux)
Du 10 au 13 mars 2020, à 20 h
Durée 1 h 10 environ
Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès Ambre
69004 Lyon
Réservation au 04 72 07 49 49
www.croix-rousse.com
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