À l'affiche, Critiques // Depuis l’aube (ode aux clitoris), de Pauline Ribat, au 11. Gilgamesh Belleville, Festival d’Avignon Off

Depuis l’aube (ode aux clitoris), de Pauline Ribat, au 11. Gilgamesh Belleville, Festival d’Avignon Off

Juil 13, 2017 | Commentaires fermés sur Depuis l’aube (ode aux clitoris), de Pauline Ribat, au 11. Gilgamesh Belleville, Festival d’Avignon Off

© Alexis Machin

ƒƒ article de Jean Hostache

Après un cours exercice chorale de sophrologie et de respiration tout en musique, Depuis l’aube (ode aux clitoris) remonte effectivement à l’aube de notre civilisation, et ouvre ce spectacle sur le récit platonicien du mythe de l’androgyne, qui pause les « bases » helléniques de la notion de genre, de la naissance d’Eros et de la guerre des sexes.

S’en suit alors, le temps d’une représentation, le long cri viscéral des femmes au mode du pluriel. Un cri d’humanité qui vient percer le silence de notre contemporanéité, pour ramener au plateau avec beaucoup de profondeur et de finesse une urgence qui dérange et qui déplace le spectateur. Cette forme, imaginée par Pauline Ribat – qui signe la mise en scène, le texte et l’interprète également sur scène – se construit selon une polyphonie féminine, des fragments de vies multiples arrachés à la vie et amenés au théâtre par une rigueur journalistique. Pour porter le récit de ces femmes, Pauline Ribat choisi deux hommes comme partenaires de jeu, deux comédiens de talent. Ce geste, qui au premier regard pourrait déranger les conventions – mélanger les sexes pour traiter d’un sujet si sensible pourrait effectivement faire outrage à la gravité du discours – participe pourtant à la respiration du spectacle. Nous dirons simplement qu’il est aussi intéressant de voir des hommes défendre ce propos militant et engagé – car c’est précisément de ça qu’il s’agit ici. Leur présence apporte également la dualité et la confrontation d’un autre regard, ouvre le dialogue et l’échange.

Ce qui est aussi tout à fait intéressant, c’est la différence de registre que nous propose ce spectacle. Mêlée aux drames violents qu’on nous raconte, aux rapports cliniques et factuels, se glisse une ironie bien placée, un humour qui donne espoir et pourtant nous laisse intranquilles. D’une scène grotesque et amusante, dérive la violence. Le rire se coupe. Contrepoints rythmiques entre débordements baroques et silence, les ruptures jouent avec nos émotions comme avec un yoyo.

Une jeune création en somme toute prometteuse qui, nous l’espérons, saura faire sa place à Avignon.

 

Depuis l’aube (ode aux clitoris)
Mise en scène et texte  Pauline Ribat
Collaboration artistique  Joséphine Serre
Regard complice  Clément Peyon
Lumières  Laurent Scheegans
Costumes  Cécile Box
Scénographie  Jean-Baptiste Manessier
Musique  Florian Choquart

Avec Florian Choquart, Lionel Lingelser et Pauline Ribat

Du 6 au 28 juillet 2017 à 21h20 (relâches le 11 et 18 juillet)

Au théâtre 11. Gilgamesh Belleville
11 boulevard Raspail, 84000 Avignon

Réservations au 04 90 89 82 63
www.11avignon.com

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