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Demi-Véronique, création collective de La vie brève, Théâtre des Bouffes du Nord

Nov 08, 2018 | Commentaires fermés sur Demi-Véronique, création collective de La vie brève, Théâtre des Bouffes du Nord

 

 

© Jean-Louis Fernandez

 

ƒƒ article de Denis Sanglard

Enfermer la 5ème symphonie de Mahler dans un sucrier, seule Jeanne Candel pouvait avoir et réaliser cette idée saugrenue et surréaliste. Demi-Véronique, nom d’une passe tauromachique, nous y reviendrons peut-être, est un spectacle fourre-tout, un capharnaüm insensé, où les images incongrues se percutent, s’entassent sans queue ni tête, collage dada qui saute du coq à l’âne dans un décor de chambre calcinée très vite ravagée. Coquecigrue théâtrale entre mimodrame et mélodrame, pas une parole, à peine quelques borborygmes, où les poissons sont récalcitrants, les baisers partent en fumée, les biscottes se font la malle, où prêter l’oreille n’est pas une métaphore… Et pour fil conducteur la cinquième de Mahler donc, source d’inspiration frappadingue et de citations aléatoires de cette création azimutée qui en épouse cahin-caha, par fragments éclatés, la structure. Plus ou moins. Ça cahote parfois, ça hoquette, s’en éloigne délibérément, très loin, pour mieux y revenir, l’ignore même pour partir sur des sentiers de traverse. Inutile dans cette macédoine de chercher du sens. Il n’y en a pas. Un univers, ça oui. Et lequel ! Jeanne Candel, ici sans son complice Samuel Achache, a le don particulier de vous amener sur un terrain miné et de vous planter là sans plus de façon. A charge pour chacun, perdu de fait, de trouver son chemin. Ces Trois Zébulon, Jeanne Candel, Lionel Dray et Caroline Darchen s’y entendent pour vous égarer. Les suit-on en confiance qu’à peine ils bifurquent et nous désorientent. Jeanne Candel n’est pas en reste pour vous foutre en l’air un décor dans une première performance qui n’envierait rien aux actionniste viennois, Vienne qui accueillit Mahler. On ne comprend goutte à ce déchaînement soudain, plein de bruit, de fureur et d’eau. Qu’importe. Et quand elle réapparaît pour le célèbre adaggietto dont Visconti fit la promotion involontaire dans Mort à Venise, on craint le pire. Qui n’advient pas. Reste Visconti et la dernière scène de Mort à Venise à laquelle, le cœur gros comme ça, ils règlent définitivement leur compte. Alors oui on peut ne pas les suivre, refuser cet univers abracadabrantesque, ne pas rentrer de plain-pied dans cette création barjotte au goût d’enfance assumé et quelque peu foutraque, regretter quelques longueurs parfois qui dégonflent les intentions inventives et l’énergie têtue première. Se dire que ici ou là, oui, bon ils vont un peu loin. Et où diable ? Bref les sentiments envers cette création oscillent, pas facile pour un chroniqueur de donner son avis qui ne sait au final s’il aime ou pas et demeure perplexe quoique indulgent devant cet O.T.M.I*. Mais il en est ainsi de ce collectif, La vie brève, qui a les défauts de ses qualités, et vice et versa. Et pour la Demi-Véronique ? Citons : « c’est une passe durant laquelle le torero absorbe le taureau dans l’éventail de sa cape, le conduit dans une courbe serrée jusqu’à la hanche, en contraignant l’arrêt de sa charge.»

*Objet théâtral mal identifié

© Jean-Louis Fernandez

 

Demi-Véronique une création collective de La vie brève

A partir de la Cinquième symphonie de Gustav Mahler

Scénographie Lisa Navarro

Régie générale et plateau Vincent Lefèvre

En alternance avec Marion Lefebvre

Création lumières au Théâtre des Bouffes du Nord Vyara Stefanova

Régie lumières Samuel Kleinman

Création et régie sonore Julien Fezans

Création des costumes Pauline Kieffer

Création textile (les organes) Simona Grassano, assisté de Sara Berthesaghi Gallo

Assistant à la mise en scène Carla Bouis

Regard extérieur Laure Mathis

Construction décor Philippe Gauliard et Vincent Lefèvre

Préparation physique Shyne Tharappel Thankappan

Production Elaine Méric

Avec Jeanne Candel, Caroline Darchen, Lionel Dray

 

Du 6 au 17 novembre 2018

Du mardi au samedi à 20h30

Matinée les samedis à 14h30

 

Théâtre des Bouffes du Nord

37bis boulevard de la Chapelle

75010 Paris

Réservations 01 46 07 34 50

www.bouffesdunord.com

 

Tournée

5 mars 2019 / Scène nationale Brive / Tulle

20 et 21 mars 2019 / Théâtre de Nîmes

 

 

 

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