À l'affiche, Critiques // De l’origine du monde, création collective autour de l’œuvre de Gustave Courbet, mise en scène de Henri Dalem, au Théâtre de Belleville

De l’origine du monde, création collective autour de l’œuvre de Gustave Courbet, mise en scène de Henri Dalem, au Théâtre de Belleville

Fév 19, 2016 | Commentaires fermés sur De l’origine du monde, création collective autour de l’œuvre de Gustave Courbet, mise en scène de Henri Dalem, au Théâtre de Belleville

ƒ article de Victoria Fourel

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© Henri Dalem

 » C’est avant, ou après l’amour ! Elle est triste ! C’est une femme violée ! ». Dans L’Origine du Monde, tableau mythique et mutique, il y a tout un imaginaire, tout un désir d’expliquer, que chaque spectateur, chaque visiteur de musée, cherche à percer à jour. Dans ce spectacle, qui dévoile l’intimité, les difficultés, du processus créatif, on ne voit jamais le tableau, mais on en parle, on en cherche les limites, les contours, les significations. L’équipe mise en scène dans le spectacle tente de définir sur le plateau ce qu’est cette œuvre de Courbet, ce qu’elle dit.

Ce qu’il y a de fascinant, c’est la richesse qu’une telle œuvre offre au plateau. Sans la voir, on rêve pourtant d’élargir ce gros plan du sexe féminin, de connaître le modèle, le désir de création de Courbet, d’explorer toutes les réactions possibles face à la peinture crue, non pas belle, non, mais magnétique. Les trois comédiens parviennent alors à donner un échantillon de la création, et comment, à partir de quelque chose qui touche, qui accroche, on peut se battre, se faire happer par son travail. Il y a une belle façon de parler d’art sans le montrer, et un vrai propos sur ce qui est fait au théâtre : veut-on imaginer plusieurs histoires possibles à ce tableau ? Une seule ? Veut-on parler pour le peintre, ou pour le spectateur ? Décider d’un parti pris, d’un engagement total.

Dans cette création collective, on a plusieurs moments de pur théâtre, des saynètes, presque, entre réalité du chemin créatif et imaginaire perché autour du tableau. Mais assez rapidement se pose le problème de la forme. Oscillant entre ces deux versants, on peine à trouver une identité visuelle au spectacle. La présence d’instruments de musique ne trouve pas vraiment sa place, comme celle du créateur son sur le plateau. Et ainsi lorsque ces éléments scéniques entrent en jeu, ils ne semblent ni en lien avec l’histoire de cette troupe face au tableau, ni avec le tableau lui-même. Tout semble fait de bric et de broc, parti pris très intéressant dans la mesure où il reflète la précarité de la création, mais gênant pour entrer dans la fiction. Peut-être cela manque-t-il de beau, ou peut-être simplement d’unité visuelle. Dans l’utilisation de l’espace, dans les choix de mobilier, de disposition.

Expérience originale, idée intéressante, performance technique, De l’origine du monde est un bel objet, mais qui malgré de beaux propos, nous laisse un peu extérieur voire un peu froid.

De l’origine du monde
Création collective
Mise en scène Henri Dalem
Avec Paméla Ravassard, Alban Aumard et Tanguy Bordage

Du 16 au 21 février 2016.
Le mardi à 21h15, du mercredi au samedi à 19h15, et le dimanche à 17h.

Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple – 75011 Paris
Métro Belleville ou Goncourt
Réservation 01 48 06 72 34
www.theatredebelleville.com

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