ƒƒ article de Victoria Fourel

 © 2015 GARE AU THÉÂTRE

On pisse, on se fait maltraiter, on rit, on se marie, on couche (et pas forcément comme on l’avait espéré), on garde des secrets, on a honte, on a chaud. On est une femme. Cut parle des femmes, de la femme, et de ce qu’elle représente. Et rien que pour ça, on l’aime déjà. Avec rythme, concret, et un sens de la musique, la pièce évoque les complexes qu’on donne aux femmes, la beauté et les secrets de leur sexe. La femme moderne, et d’où elle vient est donnée au spectateur, et on l’entend bien.
La metteure en scène a compris qu’il suffisait de s’appuyer sur la matière qu’a offerte Emmanuelle Marie pour monter Cut. La parole directe, les ouvertures infinies du sujet, et les très beaux moments solitaires de la pièce font qu’à aucun moment on est laissé pour compte. Le passage où l’une des dames nous dit combien les abeilles et les jardins sont plus intéressants que le ‘ça’ de la femme, notamment, est parfaitement amené par Aloysia Delahaut. Les trois dames captivent, dans la simplicité, mais le fait de respecter tous les enchaînements dans un format court empêche la naissance d’un ‘vide’, d’un espace de respiration qui serait moins sur la parole. La danse et la musique, assez bien intégrées à la mise en scène y contribuent pourtant en partie, et créent cette folie, ce décalage. Et ce décalage est nécessaire face à la cruauté ou l’absurde du réel, que les costumes ou la scénographie ne permettent pas.
En effet, peu de volume et peu de surprise sont créés par la proposition de Christine Massa, même si l’utilisation d’un comédien mâle et de chaises presque ‘cabaret’ donnent du relief et un vrai répondant. Les comédiennes font un travail formidable, mais il pourrait y avoir plus de folie, plus de grotesque, presque aussi grotesque en tout cas que l’est la condition féminine. Pas besoin de choquer, ou de tout théâtraliser, mais la femme et son pipi le méritent bien.

Cut
Texte Emmanuelle Marie
Mise en scène Christine Massa
Avec Brigitte Lo Cicéro ; Christine Massa, Aloysia Delahaut, Nicolas Buchoux
Semaine 4 du Festival Nous n’irons pas à Avignon
A partir du 22 juillet

Gare au Théâtre
13 rue Pierre Sémard 94400 Vitry-sur-Seine
RER Vitry-sur-Seine
Réservation 01 55 53 22 22
www.gareautheatre.org

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