À l'affiche, Critiques // Croque-Monsieur de Marcel Mithois, mise en scène Thierry Klifa, au Théâtre de la Michodière

Croque-Monsieur de Marcel Mithois, mise en scène Thierry Klifa, au Théâtre de la Michodière

Sep 13, 2016 | Commentaires fermés sur Croque-Monsieur de Marcel Mithois, mise en scène Thierry Klifa, au Théâtre de la Michodière

article de Victoria Fourel

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© Carole Bellaiche

Le Paris des années 60 est le terrain de jeu de Coco. Veuve et re-veuve, elle s’exaspère du manque de courtoisie de son dernier mari, qui lui a faussé compagnie en se suicidant, la laissant désargentée. S’en suit une drôle de chasse à l’homme à la poursuite d’un nouvel époux.

Dans un décor empreint d’un goût pour l’âge d’or de la comédie de boulevard, avec escaliers, sorties multiples et grandes fenêtres majestueuses, se joue un ballet de conventions et de mondanités. Le plaisir du spectateur tient pour beaucoup à une époque, à un langage, à un empressement dans les situations, à une certaine vigueur en société. Grâce à quelques bons seconds rôles, le lien et la fraîcheur sont assurés. Le sobre et précis Pierre Rochefort, notamment, est porté par un rôle moderne et drôle.

L’intention est nette, dans Croque-Monsieur : divertir avec un spectacle à l’ancienne, en profiter pour remettre au goût du jour les codes de la comédie, offrir un nouveau beau rôle comique à la grande Fanny Ardant. La promesse de passer un bon moment semble tenue, pour le public. A aucun moment en revanche on est surpris, ou mis face à un réel sursaut de modernité. Les personnages ne sont pas maltraités, mais ne sont jamais non plus décalés, restant sur très peu de traits de caractère, parfois même empêtrés dans des tics de jeu faciles. Les choix de mise en place des décors, et même des entrées et sorties ne sont ni tout à fait cohérents, ni tout à fait inventifs. Et le spectacle est rythmé par des interludes devant le rideau fermé, jolie idée de connivence avec le public, censées compléter et animer davantage les personnages, mais qui restent à l’état de gag, d’idée moyenne, pas tout à fait aboutie. Quant à Fanny Ardant, il y a la voix, belle mais parfois insuffisante, la présence, certaine mais sans enthousiasme. Car dès que Coco s’énerve, s’excite, sort de ses clous de dame du monde, Fanny Ardant, à l’inverse, s’en empêche.

Belle surprise, toutefois, on est touché par les compositions d’Alex Beaupain, dont l’univers est tout près de celui de Coco. Donnant du rythme et un côté opérette au spectacle, il offre aussi les plus beaux moments à la comédienne principale. Du point de vue de la mise en scène, cela dit, c’est moins réussi : un seul micro, mobile mais fixe, cantonne les comédiens à un quart de plateau lorsqu’ils chantent, les empêchant de prendre des libertés, mais aussi tout simplement d’être vus correctement, tous. C’est d’ailleurs ce qui pêche dans l’ensemble de cette mise en scène. Il y a une tendance à se reposer sur l’attractivité d’une Ardant, d’un Menez, il y a une paresse, volontaire ou non, à donner du grain à moudre aux comédiens, à réinventer les costumes ou le langage bourgeois.

Malgré un certain premier degré louable, rien ne semble tirer Coco et son salon de leur époque, comme si avoir beaucoup de moyens et toutes les cartes en main pour jouer un spectacle riche et grandiose nous en empêchait, justement.

Croque-Monsieur
Texte Marcel Mithois
Mise en scène Thierry Klifa
Avec Fanny Ardant, Bernard Menez, Vittoria Scognamiglio, Michaël Cohen, Julia Faure, Pierre Rochefort, Jean-Baptiste Lafarge et Sébastien Houbani

A partir du 6 septembre 2016 à 20h30, matinée à 15h0 le dimanche

Théâtre de la Michodière
4 bis rue de la Michodière – 75002 PARIS
Métro Opéra ou Quatre Septembre
Réservation 01 47 42 95 22
www.michodiere.com

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