ƒ Critique Solveig Deschamps

En 1989 Pascale Henry fonde la compagnie « les voisins du dessous » et depuis elle écrit et met en scène ses propres textes (Pas à pas jusqu’au bonheur, le cochon est il une tranche de jambon ? c’est pour rire….). « … Chaque pièce s’est écrite pour moi à partir du surgissement d’une question, question qui embrassait le fait d’en souffrir comme d’en vivre… » Dans ce nouveau texte, elle nous questionne sur le changement de notre rapport à la souffrance, une nouvelle codification, un nouveau regard, comme si la société compatissait, prenait en compte la douleur tout en l’effaçant. Plus facile de cocher les cases des formulaires pour mesurer le mal être.

Enfermement

Sur le sol un carré délimité par du gaffeur blanc, à l’intérieur du carré une diagonale en pointillé, ligne entre celui qui souffre et celui qui derrière son bureau doit remplir le dossier qui décidera de l’avenir. Séquences d’interrogatoires entrecoupées de noirs. Trois personnages. D’abord l’homme blessé à la main, on ne sait pas s’il est à la frontière de la prison ou de l’hôpital psychiatrique, il est de dos, prostré, face à lui, la psy ou médiatrice, on ne sait pas trop non plus, on comprend seulement son trouble empathique, son refus de faire rentrer les questions et les réponses dans les cases. Puis la même, face à une autre femme, peut être la chef du service qui se doit de rendre des comptes à la direction, c’est elle qui centralise tous les dossiers, pas de place pour l’humain, tout doit être carré, une petite bonne femme qui cache ses tics et ses tocs, boulimique, tiroirs du bureau remplis de friandises qu’elle mange compulsivement. Enchaînements de confrontations. Malheureusement tout reste linéaire, comme si la scénographie les empêchait, pas d’envolée dramatique, à moins que le texte ne puisse pas le permettre…Un texte qui aurait besoin d’une autre respiration, il est parfois difficile de mettre en scène les mots que l’on écrit, il est parfois impossible d’y mettre la distance et le décalage qui aurait sans doute mis en relief une écriture qui est loin d’être mauvaise. Et nous devenons spectateurs, enfermés dans un propos intelligent qui nous ennuie, pas de « tragi-comédie » souhaitée par Pascale Henry, on se laisse faire par la belle voix rocailleuse de Maria-Sohna Condé là où on aurait préféré être englouti par une avalanche.

À Demain

Écriture et mise en scène : Pascale Henry
Avec : Julien Anselmino, Marie-Sohna Condé et Aurélie Vérillon
Lumière : Léo Van Cutsem
Costumes : Hélène Kritikos
Son : Fred Soria et Laurent Buisson
Scénographie : Michel Rose et Pascale Henry

Jusqu’au16 février 2014
À 20h30 – Dimanche à 16h
Théâtre de l’Aquarium
La cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Réservation 01 43 74 72 74
Métro Château de Vincennes
Navette gratuite depuis le métro
http://www.theatredelaquarium.net/

Be Sociable, Share!

•