Critiques // Critique • « Kurt Cobain (peu importe, tant pis…) », mise en scène par Frédéric Jessua à la Loge Théâtre

Critique • « Kurt Cobain (peu importe, tant pis…) », mise en scène par Frédéric Jessua à la Loge Théâtre

Juin 18, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • « Kurt Cobain (peu importe, tant pis…) », mise en scène par Frédéric Jessua à la Loge Théâtre

ƒ Critique Camille Hazard

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Rendez-vous chez Kurt

Pour ce spectacle-performance, Frédéric Jessua, s’appuie sur des extraits de textes, tirés de Journal, livre écrit par Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana. Ces références, ces notes, ces ressentis, sont autant de matière à s’immerger dans la vie de ce groupe révolutionnaire tout en questionnant le théâtre, sa forme, son sens et sa place.

Tout est fait et prévu pour déjouer les repères et les habitudes des spectateurs.

Une odeur de moisie accueille le public dès l’entrée de la salle, ou plutôt l’odeur d’un « squat » organisé dans lequel fourmillent mille et une choses : vêtements vétustes suspendus à un portant, matériel d’enregistrement, tv, canapé, bibelots en tous genres… bref, un bon bordel ! La proximité avec la scène et les comédiens est une invitation à partager ce lieu et la vie créative du groupe.

Sans volonté de mimétisme, chaque comédien endosse, tour à tour, le costume des protagonistes entourant Kurt Cobain, devant ainsi « porte-parole » de leurs idées et réflexions. Quant à Kurt Cobain lui-même, on retrouve sa personnalité fragile et jusqu’au-boutiste dans le corps et la voix de la comédienne Marie Nicolle. Une Naïveté enfantine, mêlée de désespoir tragique… Magnifique.

Il n’y a aucune volonté de marcher sur les pas du groupe mais plutôt de mettre en lumière leurs engagements créateurs, leurs difficultés à exister musicalement et sans compromis.

Et Frédéric Jessua fait le lien avec ce qu’il connait: le théâtre. À travers les mots de Kurt Cobain, un sous-texte sur la situation actuelle du théâtre se dégage. Quel sens peut encore avoir le théâtre lorsque celui-ci est soumis à une certaine attente médiatique, journalistique? Quelle part de liberté possèdent encore les artistes ? Jusqu’à quel point les créateurs peuvent-ils s’isoler du système tout se voyant obligés d’en faire partie s’ils veulent survivre artistiquement ?

Sur le plateau, un va-et-vient ambigu; la troupe de comédiens fait corps avec le journal de kurt cobain, pour s’interroger eux-mêmes, sur leur métier et nous faire partager leurs visions.

« Il vaut mieux brûler franchement que de s’éteindre à petit feu »

Les prises de parole, les coups de gueule, les moments plus légers entre personnages sont entrecoupés de la musique de Nirvana. Mais, bien loin du mouvement grunge, les comédiens (tous musiciens), réinterprètent sur scène les plus grands titres du groupe avec violoncelle, ukulélé, guitare et accordéon. Défi audacieux plutôt réussi !! Instruments et accords changent mais la personnalité et l’identité engagée du groupe, elles, restent fortes.

Kurt Cobain se posait la question de la musique, Frédéric Jessua se pose celle du théâtre et de la représentation. Une belle rencontre qui nous parvient comme un cri d’alerte sur la place de l’artiste et ses créations.

Kurt Cobain (peu importe, tant pis…)
Mise en scène Frédéric Jessua
Avec Mélie Fraisse, Marie Nicolle, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou, Liam Morissey
Compagnie La boîte à Outils
Lumières Alice Versieux
Costumes Lora Guillo
Assistanat Elise Chièze

Du 4 juin au 15 juin 2013 (tous les jours à 21h00)

La Loge Théâtre
77, rue de Charonne – 75011 Paris
M° Charonne / Bastille / Ledru-Rollin
Réservations au 01 40 09 70 40
www.lalogeparis.fr
www.la-bo.eu

 

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