Critiques // Critique . Voir Paris et mourir jeune de Valéry Ndonjo au Tarmac

Critique . Voir Paris et mourir jeune de Valéry Ndonjo au Tarmac

Avr 19, 2013 | Aucun commentaire sur Critique . Voir Paris et mourir jeune de Valéry Ndonjo au Tarmac

ƒ Critique Anna Grahm

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One man

Tout commence à l’aéroport. Notre homme tiré à quatre épingles, surgit par l’issue de secours. À peine débarqué en France, l’humoriste façon grand méchant loup, hume l’air ambiant, se délecte les papilles et déclare tout de go « ça se sent le blanc. Le vrai blanc de Paris ». Le ton est donné. Sa petite valise en main, ce natif du Cameroun fonce demander conseil au « doyen ». « Chez nous, être vieux est un honneur » nous confie-t-il avec malice. Et c’est autour d’un petit ballon de rouge qu’il va apprendre les « codes pour s’intégrer » et nous rendre notre bonne humeur. Valéry Ndongo n’est pas homme à se censurer, il prend la parole pour flirter avec l’incorrect, jongle avec les clichés. Et c’est blanc contre noir, opposition de petites cases. Il dépeint les blancs dépressifs, suicidaires, trouve qu’il y a trop de noirs en France, conseille à la France de s’occuper de ses noirs et se moque du blanc qui comme un touriste cherche sa route à Barbès. Sûr qu’il n’est pas blanc blanc quand il raconte qu’il est prêt à tout pour obtenir son titre de séjour et même s’il ne nous dit pas tout, il est attendrissant quand il remarque que « les blancs marchent avec leur chien, nous avec les problèmes ». Il est plus teigne quand il critique les bonnes œuvres des ONG et qu’il lance « Reprenez vos couvertures pourries, nous on veut Ikéa. Si c’est bien pour vous, c’est bien pour nous ». Il est ambivalent quand il déclare aimer le français, « la langue française » précise-t-il laissant le français qui l’écoute comme deux ronds de flanc.

 

« Laisse le blanc te sauver » Valéry Ndonjo

Il tire son spectacle de l’observation de son quotidien. Il ausculte, glisse, virevolte. Il parle de lui, de l’autre, des autres. Il passe en revue sa propre géographie, compare l’habitant de la Creuse à l’africain, leur découvre d’étonnantes concomitances, il regarde avec étonnement le blanc en Afrique qui s’émerveille de tout, parle de Montreuil comme de la capitale du Mali, raconte le processus de la lente intégration, quoi garder, quoi rejeter, donne des leçons de drague, explore les niveaux de langage, fait un chapitre sur les blagues, avoue les mensonges de son cousin vis à vis des femmes blanches « sa mère est morte 17 fois », fait filtrer sa propre incapacité à les aimer. Elles ne sont que des outils pour obtenir les papiers. Car son personnage de balayeur de papiers gras n’hésite pas à jouer sur les mots pour décrocher ses fameux papiers d’identité et si on lui demande pourquoi il veut rester en France il répond du tac au tac pourquoi pas.

On s’amuse de ce vous et nous, on aime son ironie quand il se défausse systématiquement sur les chinois et quoique que l’on doute de ce raisonnement binaire, quoi que l’on craigne cette dualité à l’emporte pièce, on adhère à l’idée d’être toujours l’immigré de l’autre.

Ce que l’on aime moins, c’est sa vision de la femme, c’est l’histoire de la vieille blanche que l’on épouse par commodité, son discours sur la prostitution, ce que l’on constate, c’est que la monnaie d’échange, après l’or, les diamants, le pétrole, reste, une fois encore la femme marchandise.

 

Voir Paris et mourir jeune
De et avec Valéry Ndongo

Jusqu’au 20 avril – Vendredi 20h – Samedi 16h

Le Tarmac
159 av Gambetta 75020 Paris
Métro St Fargeau
Réservation au 01 43 64 80 80
www.letarmac.fr

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