Critiques // Critique • « Une femme seule » de Dario Fo et Franca Rame par la Cie I.THALIE aux Déchargeurs

Critique • « Une femme seule » de Dario Fo et Franca Rame par la Cie I.THALIE aux Déchargeurs

Nov 28, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « Une femme seule » de Dario Fo et Franca Rame par la Cie I.THALIE aux Déchargeurs

Critique de Rachelle Dhéry

On vit près d’eux mais on ne les connaît pas toujours. Ils ont leurs secrets, leurs habitudes, leurs bonheurs, leurs petits tracas, leurs familles… Ils ont leurs vies. « Ils » sont nos voisins. Et la nouvelle voisine de Maria va peu à peu découvrir le quotidien incongru de cette femme, en apparence ordinaire. Mais méfiance, les apparences sont souvent trompeuses… Maria, mère de deux enfants, est séquestrée par un mari excessivement jaloux, harcelée par un tordu au téléphone, pelotée par un beau-frère handicapé — suite à un accident de voiture — et libidineux, traquée par un voyeur, victime de l’amour passionnel d’un jeune amant, et occupée par ses devoirs de mère, d’épouse et de femme au foyer.

Avec « Une femme seule », Dario Fo et Franca Rame placent la femme au foyer dans la lignée des grandes héroïnes littéraires et théâtrales. Les petits drames du quotidien de cette femme deviennent intenses par un phénomène d’identification, renforcé d’ailleurs par une mise en scène très subtile. Et malgré tout l’humour, toute l’énergie et toute la folie de ce personnage, Maria reste un personnage tragique et bouleversant, rappelant parfois Gervaise, la blanchisseuse de Zola, mais une Gervaise haute en couleurs.

Pierangelo Summa, après avoir mis en scène « Les Bonnes » de Jean Genet récemment aux Déchargeurs, décide de rester proche des femmes de petites conditions et dont le quotidien les a fait basculer dans la folie. Après Claire et Solange, c’est donc au tour de Maria de passer dans les mains expertes de ce metteur en scène italien. Le décor peu chargé, laisse avant tout la place au texte et à la comédienne Gabriella Merloni. Non sans un certain amusement apparent, avec lui, un cadre devient une fenêtre, une échelle représente parfois un escalier, un homme, une porte ou un tourne-disque. La lumière se veut la complice parfaite des confidences de la femme et c’est dans un environnement sombre, rouge, noir et sensuel que nous découvrons avec délice l’envers du décor, là où Maria cesse d’être une gentille desperate housewives qui nous salue et nous souhaite la bienvenue dans notre nouvel immeuble. « Nous », c’est la femme d’en face, celle qui écoute. Et quand Pietrangelo Summa décide de briser le quatrième mur, la femme d’en face devient rapidement « nous », le public, comme un seul être. Alors comment ne pas se sentir concerné ? C’est impossible. Et Gabriella Merloni, dans le rôle de Maria, ne nous permet aucune échappatoire.

La jeune comédienne relève élégamment le défi et malgré quelques baisses éparses d’énergies ou de regards, le spectacle est prometteur.

Une Femme Seule
De
: Dario Fo et Franca Rame (Éd. Dramaturgie)
Traduction
: Valéria Tasca
Mise en scène, lumières, décor, costumes
: Pierangelo Summa
Adaptation, interprétation
: Gabriella Merloni

Du 22 août au 19 décembre 2011
Le lundi à 21h45

Théâtre les Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs, Paris 1e
Métro Châtelet – Réservations 08 92 70 12 28 (0,34€/min)
www.lesdechargeurs.fr

Site de la Compagnie I.THALIE : www.ithalie.net

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