Critiques // Critique. « Sortir du corps » de Valère Novarina par la Compagnie de l’Oiseau-Mouche à la Maison des Métallos

Critique. « Sortir du corps » de Valère Novarina par la Compagnie de l’Oiseau-Mouche à la Maison des Métallos

Mar 22, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Sortir du corps » de Valère Novarina par la Compagnie de l’Oiseau-Mouche à la Maison des Métallos

ƒƒƒ Critique Bruno Deslot

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© Frédéric Iovino

Les drôles d’oiseaux font mouche aux Métallos

Sortir du corps, un montage de textes de Valère Novarina (Lettre aux acteurs, Pour Louis de Funès, L’Opérette imaginaire), parle de l’acteur, de la parole, du théâtre, tout en posant la question fondamentale de la parole dans sa manière de transcender le corps ou de le transformer. Mais de quelle manière ?

Sur un plateau assez dépouillé, au centre duquel se dessine une aire de jeux éclairée par deux guirlandes lumineuses, les couleurs pourpres des costumes accrochés sur un portant à jardin réchauffent et intensifient la dimension charnelle de la proposition. En fond de scène, un rideau de lamelles plastiques, comme on pourrait en voir dans un entrepôt, quelques chaises dépareillées, le théâtre est évoqué dans une acception aussi elliptique qu’énigmatique. La scénographie de Karin Serres est remarquable et semble parfois s’inspirer de celles d’Olivier Py. Les interrogations au sujet du corps et de son rapport à la parole s’additionnent et les comédiens tentent de sortir de leur corps 1h15 durant en respectant une extrême concentration et une implication mentale corporelle évidente. Chacun de leur geste est d’une précision absolue et fait écho au texte de manière saisissante.

La langue de Novarina possède quelque chose de perfide, elle incite presque à buter sur le métalangage, si singulier, qui constitue la matière vive de l’auteur. Une course haletante aux mots pour les comédiens, un marathon disputé au rythme d’un sprint détonant et pour lequel les interprètes s’investissent avec une surprenante évidence. Ils sortent de leur corps dans une frénésie absolue, une implication artistique totale révélant une direction d’acteurs menée de main de maître par Cédric Orain créateur de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, une troupe permanente composée de vingt-trois comédiens, personnes en situation de handicap mental. Singulier et captivant, le théâtre de Cédric Orain est une belle leçon d’humanité portée par des comédiens se surpassant en observant une mise en scène exigeante permettant aux corps de s’incarner tout en relayant la parole de Novarina. Puissants, sensibles et touchants, ces acteurs fragiles et déterminés investissent le plateau avec un style déconcertant et un sens de la scène à faire pâlir plus d’une compagnie. Fruit d’un travail mené sur le long terme, la mise en scène de Cédric Orain met en exergue cette indispensable discipline corporelle à laquelle il a initié sa troupe pour parler du corps. Les gestes, les positions, et cette quasi-nudité des comédiens à la fin du spectacle font partie des fondamentaux du théâtre.

 

Sortir du corps
Textes : Valère Novarina – Extraits de Lettre aux acteurs, Pour Louis de Funès et L’Opérette imaginaire (éd. P.O.L)
Mise en scène : Cédric Orain
Scénographie et costumes : Karin Serres
Lumière : Bertrand Couderc
Son : Samuel Mazzoti
Avec : Lothar Bonin, François Daujon, Florence Decourcelle, Clément Delliaux, Valérie Vincent.
Jusqu’ au 31 mars 2013
Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
Métro : Couronnes
Réservations : 01.48.05.88.27
www.maisondesmetallos.org

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