Critiques // Critique. « Promesses – Cabaret Hanokh Levin » au Théâtre de l’opprimé

Critique. « Promesses – Cabaret Hanokh Levin » au Théâtre de l’opprimé

Jan 28, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Promesses – Cabaret Hanokh Levin » au Théâtre de l’opprimé

ƒƒ Critique de Jean-Christophe Carius

Cabaret Levin

À l’abordage des incongruités

Tout au long de sa carrière, Hanokh Levin, fameux dramaturge israélien prématurément disparu en 1999, à 55 ans, a croqué scéniquement les absurdités du comportement humain qu’il relevait dans l’actualité nationale ou la vie quotidienne. Privilégiant une expression brève, ciselée et caricaturale, il réunissait et présentait ces saynètes satiriques sous une forme de cabarets. Ce mode théâtral, né au XIXème siècle, avait pour caractéristique d’offrir au public un lieu de détente sans formalisme, où les barrières et les règles sociales étaient temporairement abolies, et où tous communiaient au vu de spectacles drolatiques, musicaux et sensationnels.

“Promesses – Cabaret Hanokh Levin”, spectacle élaboré à partir d’une sélection de ces formes courtes, chantés et dialogués, crées par Hanokh Levin, s’inscrit dans cette lignée théâtrale qui cherche à créer un moment de libération bénéfique, provoqué par un éclat de rire commun face aux incongruités de l’humanité. Il rassemble des extraits choisis de deux recueils de textes créés par l’auteur dans les années 1970, “Que d’espoirs !” et “Douces vengeances et autres sketches”, traduits par Laurence Sendrowics et parus aux Éditions théâtrales. Le metteur en scène Guy Freixe les a organisés autour de l’idée de “promesses”, signifiant ici la douceur furtive d’une caresse imaginaire, vite transformée en claque cuisante, dès que l’autre joue a été tendue à la dure réalité. Dans un bain de musique vivante et un décor de baraque de foire rouge et enguirlandée, une ribambelle de tableaux au ton désopilant s’enchaînent et se déchaînent, sous l’abordage joyeusement frénétique des quatre comédiens. Tirant des Polaroïds vivants, la chimie sensible de leur jeu émulsionne ces instantanés d’humanité, qui se révèlent graduellement de plus en plus délectables. Entre histoires drôles, haïkus yiddish et critique grinçante des mœurs civilisées, le texte, finement brodé, étend les toiles de situations outrancières, et expose les déformations de ces tissus étranges, qui se gonflent et se dégonflent, souvent jusqu’à se déchirer. Manon Andersen, Claude Barichasse, Raphaël Almosni et Véronic Joly, tous comédiens alimentés à la pompe du feu sacré, gravissent avec bonheur le crescendo imperceptible, bien que réalisé à vue, des transformations physiques. Leurs allures contrastées s’affirment et se dévoilent, se déguisent et se griment, jusqu’à la culmination que Guy Freixe, grand connaisseur en la matière, a imaginée masquée, pour un rire léger et profond, drapé comme à l’antique.

Promesses – Cabaret Hanokh Levin
d’après Hanokh Levin
Mise en scène : Guy Freixe
Traduction : Laurence Sendrowicz
Collaboration artistique : Gatienne Engélibert
Assistanat à la mise en scène : Lydie Le Doeuff
Composition musicale : Bruno Girard
Scénographie : Raymond  Sarti
Costumes : Peggy Housset
Masques : Francis Debeyre
Création lumières : Pierre Peyronnet
4 comédiens et 1 musicien accordéoniste : Raphaël Almosni, Manon Andersen, Claude Barichasse, Véronic Joly et Franck Seguy

Jusqu’ au 3 février 2013 à 20h30,
le dimanche 3 février à 17h (relâche les 27 et 28 janvier)

Théâtre de l’opprimé
78/80 rue du Charolais
75012 Paris
Métros : Reuilly-Diderot, Montgallet, Dugommier, Gare de Lyon
Réservation : 01 43 40 44 44
http://www.theatredelopprime.com

 

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