ƒƒ Critique Camille Hazard
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Formé par Catherine Germain et François Cervantes, Bonaventure Gacon a affiné son clown au fil des projets et des rencontres; Dès 1998, il participe aux créations du Cirque Désaccordé, du Cirque Plume, du Cirque Convoi Exceptionnel et c’est en 2001, qu’il crée son spectacle « Par le Boudu ». Seul en scène dans lequel il interprète un clown-ogre.
Affreux sale et méchant…
Le nom de Boudu nous rappelle ostensiblement le personnage de Renoir dans « Boudu sauvé des eaux »; petit bout de vie, devenu clochard, et qui, dégouté par la vie et la société, se jette dans la Seine. Dès son apparition sur le plateau, on retrouve ce même personnage loqueteux, bourru et il n’ y a que dans ces actions absurdes et clownesques que l’on entrevoit une plaie béante, une désillusion de la vie et un peu d’humanité.
Avec la plus grande sincérité et naïveté, Boudu nous raconte comment il observe les petites filles descendre de la montagne, comment il se cache derrières les taillis pour les observer sans être vu, comment il les violente pour les ramener chez lui, dans sa grotte et enfin comment il les met à mijoter pour les manger…
Personnage monstrueux qui n’a pas tout de suite l’adhésion du public ! Mais sa naïveté le sauve et une certaine empathie nous amène à le suivre dans son histoire.
Robin dit donc…
Robin dit donc…
Robin dit donc…
…
RRRHHH oh bin dites donc !!!
…
Robin dit donc » bah dit donc » !
Poème de Boudu.
Si le début du spectacle est intense par l’originalité et le pari osé que fait Bonaventure sur son clown tueur d’enfants et cannibale, nous perdons peu à peu le fil de l’histoire, le temps et le lieu, au profit de démonstrations clownesques qui s’enchaînent sans parfois avoir de lien.
La grotte lugubre disparaît et le personnage de Boudu se dilue. Le spectacle est habité par des moments très drôles comme le poème qu’il se met à lire, ou la tentative de tenir debout avec des patins à roulettes, et aussi par des moments qui s’imposent sans raison: quelques notes de violon entre deux états d’âme, répétitions d’onomatopées qui ont tendance à nous sortir de l’action.
Mais que l’on ne s’y trompe pas, le travail de clown est magnifique! Le corps constamment en tension, toujours prêt à bondir, contraste avec le côté imposant et bourru du personnage. Parfois ours, parfois nounours, Bonaventure vit parfaitement son clown tiraillé par son côté « méchant » et « enfantin ». Car si Boudu est un monstre, il est également prisonnier de sa souffrance à être seul, à être hors du monde, prisonnier de sa culpabilité d’être différent; il est l’être différent que la société a abandonné.
Le spectacle se termine sur la mort du clown, portée par une musique harmonique rappelant celle de Nino Rota. Procession funèbre, pétaradante de joie.
Par le Boudu
De et par Bonaventure Gacon
Lumières NicautainJusqu’au 4 mai 2013 (durée 1h00, partir de 14 ans)
Théâtre de la Cité Internationale
17 Boulevard Jourdan – 75014 Paris
Métro : Cité universitaire
Réservations 01 43 13 50 50
www.theatredelacite.com