Critiques // Critique. « Ma mère qui chantait sur un phare » de Gilles Granouillet au Théâtre de l’Aquarium

Critique. « Ma mère qui chantait sur un phare » de Gilles Granouillet au Théâtre de l’Aquarium

Jan 06, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Ma mère qui chantait sur un phare » de Gilles Granouillet au Théâtre de l’Aquarium

Critique Bruno Deslot

Rancilliac

Le père de famille a quitté le foyer, la mère élève seule ses deux enfants dans un milieu modeste et ce matin-là, hissée en haut d’un phare et totalement dénudée, elle chante tout son malheur à l’océan et au reste de la population du village.

L’écriture du texte de G.Granouillet repose sur une architecture assez simple et fragile, avec des longueurs et des récurrences sémantiques qui martèlent le propos afin de toujours mieux le faire entendre. En apparence, les mots, tout comme les idées, s’enchaînent avec rythme, mais l’ensemble s’essouffle très rapidement. Dès lors que les deux frères, Marzeille et Perpignan constatent que leur mère est en haut du phare, nue et chantant à gorge déployée, il leur faut réagir. Une course haletante débute à travers les bois, entre des chiots à noyer, une grenouille à enterrer, une dame aux pompons qui se fait culbuter dans un algeco, un mari cocu jouant au narrateur omniscient et les apparitions du bon Dieu qui n’est autre que ce père absent ayant abandonné le foyer il y a déjà bien longtemps ! Nous sommes bien dans un conte initiatique, une sorte de rite de passage pour les deux jeunes garçons s’acheminant doucement vers l’âge adulte au fil de leurs aventures. L’objectif du propos est clair mais parasité par des successions de répliques inutiles tout comme certains personnages d’ailleurs ! Le conducteur d’engin et son épouse incarnent laborieusement une allégorie de l’adultère, tout comme cette jeune fille blonde, aussi énigmatique qu’inintéressante. Certes, les deux jeunes garçons bousculent tout ce petit monde sclérosé par ses habitudes mais l’on n’en retient rien de bien constructif, ni de touchant, même si l’histoire est racontée par des enfants.

L’énonciation alterne entre le narratif et le discursif. Du pain béni pour le metteur en scène François Rancillac qui peut se concentrer sur la manière dont les personnages se racontent. Perpignan et Marzeille investissent le plateau avec détermination et une grande justesse, mais seules leurs qualités d’acteurs sauvent la mise en scène qui est inexistante tout comme le texte, d’une extraordinaire vacuité. Trois rideaux de scène en bâche salie par l’eau de mer, tombent à chaque étape que les garçons franchissent. Du déjà vu ! Gilles Granouillet est un auteur à la mode, François Rancillac un directeur de théâtre et un metteur en scène trop pédagogique. A force de vouloir plaire à l’institution, on ne prend plus de risque et l’on devient comme les personnages que Marzeille et Perpignan bousculent dans leurs petites habitudes !

Ma mère qui chantait sur un phare
De Gilles Granouillet
Editions Actes Sud papiers
Mise en scène de François Rancillac
Scénographie : Raymond Sarti
Lumière : Marie-Christine Soma
Costumes : Cidalia Da Costa
Son : Michel Maurer
Avec : Patrick Azam, Anthony Breurec, Antoine Caubet, Riad Gahmi, Pauline Laidet, Françoise Lervy.
Du 4 janvier au 3 février 2013
Théâtre de l’Aquarium
Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
réservations : 01 43 74 72 74
www.theatredelaquarium.net

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