Critiques // Critique • « L’Ours Normand, Fernand Léger » par Arnaud Churin au Théâtre de la Bastille

Critique • « L’Ours Normand, Fernand Léger » par Arnaud Churin au Théâtre de la Bastille

Déc 15, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « L’Ours Normand, Fernand Léger » par Arnaud Churin au Théâtre de la Bastille

Critique de Denis Sanglard

L’ours Normand c’est Fernand Léger qu’Arnaud Churin évoque avec énergie, conviction et intelligence. Cela procède d’une rencontre entre un comédien metteur en scène, un texte et un formidable personnage, un peintre engagé et ancré les deux pieds dans son époque. Un gars du terroir normand qui s’il n’avait été peintre aurait été marchand de bestiaux. Arnaud Churin incarne de façon très juste ce bonhomme d’une simplicité et d’une conviction désarmante. Création et incarnation autour de deux textes. Le Cirque, écrit par Fernand Léger et l’Entretien que quatre mois avant sa mort le peintre donna à Dora Vallier. Pour Le Cirque Arnaud Churin ose, avec justesse, une modernité radicale. Le texte est slamé, rappé, avec la complicité de D’ de Kabal, poète et slameur. Ce qui lui confère une actualité étonnante mais le donne à entendre et surtout à le voir.

© Huma Rosentalski

Arnaud Churin compose là sans le vouloir peut être un Monsieur Loyal dont les mots claquent comme un fouet. Nous sommes à la parade. Etonnant de découvrir comment un univers pictural, le cirque fut une composante de l’univers de Léger, se révèle soudain par une illustration musicale. Cette gageure est une réussite et donne une clef pour L’Entretien qui lui succède, un (auto)portrait de Fernand Léger donné quelque mois avant sa mort. C’est aussi la traversée d’une époque en pleine mutation ou foisonnent les mouvements artistiques, les découvertes industrielles et les mouvements sociaux. Fernand Léger s’empare de tout ça et ancre sa peinture dans une modernité radicale sans jamais oublier ses racines normandes et populaires. Arnaud Churin déroule cet entretien avec la même simplicité que Fernand Léger expliquant sa peinture à Dora Vallier. Pas de composition sinon la même conviction, la même énergie. La scénographie est tout aussi subtile. Arnaud Churin découpe l’espace, le déstructure, crée des formes lumineuses, des volumes, comme autant de toiles. Un escabeau traîne aussi incongru qu’un trousseau de clef côtoyant la Joconde…Mais ce qui est surtout sensible c’est qu’Arnaud Churin dessine un formidable portrait en creux. Celui de l’artiste, de son rôle, de son engagement. Le sien ?

L’Ours Normand
Textes : Fernand Léger, Le Cirque et Entretien avec Dora Vallier
Conception et interprétation : Arnaud Churin
Collaboration artistique : Nathalie Kousnetzoff, Magali Montoya, Thomas Rannou, Isabelle Fuchs, Gilles Gentner, Olivier Bériot
Composition : Jean-Baptiste Julien
Écriture rythmique : D’ de Kabal
Son : Marc Bretonnière

Du 1er au 17 décembre 2011
À 19h30 (relâche le 4 et 11 déc.)

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, Paris 11e
M° Bastille — Réservations 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

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